Essais
Lila Azam Zanganeh
L’Enchanteur
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Lila Azam Zanganeh
L’Enchanteur
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jakuta Alikavazovic
L'Olivier
03/11/2011
240 pages, 20 €
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Chronique de
Christine Lechapt
Librairie Maison du livre (Rodez) -
❤ Lu et conseillé par
1 libraire(s)
- Jean-Pierre Agasse de Actes Sud (Arles)
✒ Christine Lechapt
(Librairie Maison du livre, Rodez)
Et si Nabokov avait la faculté de changer votre vie ? C’est ce que Lila Azam Zanganeh est déterminée à prouver en dressant le portrait d’un homme épris de nature et de papillons, de mots et de poésie, tel que fut l’auteur de Lolita.
Lila Azam Zanganeh se définit comme « une jeune auteure périlleusement nabokovienne » et, à lire l’ouvrage qu’elle consacre à Vladimir Nabokov, ceci ne fait aucun doute. Dans son avant-propos, elle s’interroge sur ce qui nous pousse à nous infliger d’interminables heures de lecture au risque d’affronter un texte trop ardu ou trop tortueux, tout ça pour quelques malheureuses lignes de pure poésie dans lesquelles l’auteur aurait concentré l’essence de son talent… Parfois, sans doute, l’effort, même colossal, peut en valoir la peine. Aux yeux de l’auteur, « nous lisons pour ré-enchanter le monde ». Et cela, seuls quelques rares « enchanteurs » peuvent nous y aider. À n’en pas douter, c’est là la grande force des romans de Vladimir Nabokov. Lila Azam Zanganeh ne propose pas ici une biographie à proprement parler. Elle nous invite surtout à retrouver, au sein de l’univers nabokovien, ce qui serait d’ordre autobiographique, interrogeant ses premières amours, la ville de son enfance… On ne peut pas dire que Nabokov soit un « écrivain du bonheur » . En revanche, la poésie dont il enveloppe des textes parfois submergés d’égoïsme et de cruauté, apporte une joie profonde à son lecteur. Quel est son secret ? L’écriture. Une écriture subtile soutenue par un vocabulaire atypique (un chapitre entier est consacré au fabuleux glossaire nabokovien), un regard inédit sur ce qui l’entoure, une capacité à restituer la nature cachée du réel et à le sublimer. Le génie de Nabokov est presque tout entier contenu dans l’une de ces formules dont il avait le secret : « C’était un pessimiste et, comme à tous les gens de son espèce, le sens de l’observation lui faisait défaut ». Le bonheur ne serait donc chez lui qu’une manière particulière de voir et de s’émerveiller. En tout cas, une chose est sûre, lorsque vous aurez ouvert le brillant hommage empreint de tendresse et d’émotion rendu par Lila Azam Zanganeh à Nabokov, vous vous sentirez irrésistiblement pousser à lire ou à relire son œuvre. Vous voilà prévenus !