Essais
Jean-Baptiste Malet
L'Empire de l'or rouge
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Jean-Baptiste Malet
L'Empire de l'or rouge
Fayard
12/04/2017
300 pages, 19 €
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Chronique de
Christine Lechapt
Librairie Maison du livre (Rodez) -
❤ Lu et conseillé par
2 libraire(s)
- Christine Lechapt de Maison du livre (Rodez)
- Jérémie Banel
✒ Christine Lechapt
(Librairie Maison du livre, Rodez)
Après plus de deux ans d’une enquête minutieuse aux quatre coins du monde, Jean-Baptiste Malet nous dévoile les dessous du commerce d’un fruit pas comme les autres, la « tomate d’industrie ». Le constat est terrifiant.
Vous connaissez très bien la « Marmande », la « Cœur de bœuf » ou les « tomates cerises ». La « tomate d’industrie », en revanche, personne ne la connaît et ne l’a jamais vue, et pourtant, vous en mangez sans le savoir : dans les plats cuisinés, dans les pizzas ou bien en sauce. Résultat d’un croisement génétique, conçue par les laboratoires de Heinz pour supporter d’être transportée dans les conditions les plus difficiles et contenant un minimum d’eau, elle est oblongue, lourde, très dure et sa peau croustille sous la dent. On estime que chaque être humain en consomme environ cinq kilos par an, soit un marché annuel d’environ dix milliards de dollars. C’est en découvrant en 2011 des barils de concentrés de tomates provenant de Chine derrière la clôture d’une conserverie provençale, connue jusqu’ici pour travailler avec des producteurs locaux, que Jean-Baptiste Malet commence à s’intéresser à ce bien obscur marché. Ce qu’il découvre est véritablement déconcertant. En l’espace de vingt ans, et grâce au soutien d’industriels italiens, les Chinois sont devenus les deuxièmes plus gros producteurs de concentrés de tomates. Ces produits sont ensuite transformés par ces mêmes Italiens qui fournissent à leur tour, les marchés européens et africains. À ce stade, et parce qu’il n’existe aucune contrainte légale, vous n’avez aucune possibilité de savoir d’où proviennent les tomates que vous consommez. Il n’en fallait pas tant pour que la mafia s’engouffre dans ce marché juteux. C’est l’Afrique qui, sans aucun doute, paie le prix fort de cette mondialisation : inondée de très mauvais concentrés chinois, elle a vu sa production nationale chuter et ses paysans poussés à la ruine. Une enquête remarquable sur les désastres du libre-échange. À lire de toute urgence pour comprendre les dérives d’un système.