Littérature française

Dominique Sylvain

L'Archange du chaos

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photo libraire

Chronique de Brice Vauthier

Librairie L'Étagère (Saint-Malo (Paramé))

Un nouveau roman, une nouvelle série, de nouveaux personnages… Dominique Sylvain signe un excellent roman policier qui coïncide avec le 25e anniversaire de sa maison d’édition Viviane Hamy. Une traque impeccable et un meurtrier implacable.

Dans les religions du Livre, les anges sont des porteurs de messages. Les (ou le, en fonction de la religion) archanges sont ceux qui annoncent les plus grands événements. Celui que nous présente Dominique Sylvain serait l’archange du chaos. Tout un programme ! Un corps de femme est retrouvé dans la cave d’un immeuble parisien en construction. Il ne s’agit pas seulement d’un simple meurtre : le corps est mutilé, il a été torturé, les bras sont ligotés, la langue sectionnée, la peau brûlée à certains endroits. Le meurtrier a même poussé le vice jusqu’à cautériser les plaies de sa victime avant la mort de celle-ci. Le corps est ensuite abandonné dans une position rappelant les gisants médiévaux. Les références religieuses sont manifestes. Le groupe Carat (du nom du chef de groupe) prend l’affaire à bras le corps et pense avoir trouvé le coupable idéal en la personne de Teddy Brunet, ouvrier sur le chantier de l’immeuble. Mais les meurtres continuent pendant la garde à vue de ce dernier. Le modus operandi est toujours le même. Une chasse au tueur en série s’engage, dans laquelle Franka Kehlmann, l’une des enquêtrices du groupe, prend bientôt une importance particulière. Sa propre histoire et son ambition se télescopent tout au long de l’enquête. Pistonnée mais brillante, cette enquêtrice a un parcours hors normes dans la police parisienne. Toutefois, cette enquête fait resurgir des conflits violents au sein de sa propre famille. Il est d’ailleurs très intéressant de se plonger dans les relations qu’elle entretient avec son jeune frère (photographe un peu fou et brillant que l’on retrouve dans une nouvelle parue récemment), ou avec son père (ce Chacal, spécialiste du Moyen Âge), avec qui la relation n’a jamais été simple et toujours violente. Comment faire, quand, pour les besoins de l’enquête, le père de Franka devient une personne incontournable, alors que, jeune fille, elle lui a tiré dessus en état de légitime défense ? Ce nouveau roman de Dominique Sylvain est, selon moi, l’un de ses meilleurs. Dans la tradition des très bons polars français et la digne lignée de Vox (Points - pour le caractère obsessionnel du tueur en série et le coté tourmenté de l’enquêtrice), ce roman policier est sans doute l’un des meilleurs de ces dernières années. Dominique Sylvain connaît Paris, aime la capitale et nous donne envie de parcourir ses rues, ses anciennes carrières… mais certainement pas ses caves et ses chantiers d’immeubles en construction ! Comparer ce roman au Da Vinci Code de Dan Brown serait faire offense à Dominique Sylvain. Cependant, s’il pouvait rencontrer le même succès, cela serait mérité.

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