Littérature française

Dominique Sylvain

Kabukicho

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photo libraire

Chronique de Brice Vauthier

Librairie L'Étagère (Saint-Malo (Paramé))

Quartier de Tokyo, Kabukicho semble, du moins pour Dominique Sylvain, l’un des plus propices à l’épanouissement de ceux qui vivent... différemment. On y croisera, pêle-mêle, Marie, Kate, son père Jason et surtout Yudaï.

Quand Marie arrive à Tokyo, c’est Kate Sanders qui s’occupe d’elle. Elles partagent une colocation, puis Kate propose à Marie de travailler. Mais entre le salaire d’une barmaid et celui d’une hôtesse, le choix ne se fait pas attendre et nous voilà plongés dans le cœur de Kabukicho. Situé à l’ouest de Tokyo, ce quartier, relativement morne le jour, devient le coin aux odeurs de souffre de la capitale. Imaginez le quinzième arrondissement parisien le jour et Pigalle la nuit au même endroit, le tout, à la sauce japonaise. Les bars à hôtesses ou à hôtes, les contrôles omniprésents de la mafia tokyoïte et l’argent coulant à flot, rendent ce quartier à la fois sulfureux et attirant. Au milieu de ce capharnaüm, le club Gaïa semble faire exception. Les hôtesses n’y sont pas de simples prostituées. Elles savent écouter et c’est ce que recherchent les clients fortunés. Un jour, Kate disparaît et son père, à Londres, reçoit par MMS une photo de sa fille avec une inscription en japonais : « Elle dort ici ». Il fonce à Tokyo et compte sur Marie pour retrouver sa fille. Marie peut compter sur un hôte de choix : Yudaï. Très prisé des clientes en mal d’écoute et de raffinement, ce jeune homme semble jouer un double jeu. Il est à l’image du quartier en quelque sorte, doux et mystérieux. De son côté, Jason peut s’appuyer sur la police locale, représentée par le capitaine Yamada, policier honnête mais aux méthodes et à l’inertie légendaires. Le lecteur se retrouve plongé dans un enchevêtrement inextricable. Chaque piste, chaque certitude, s’avèrent une impasse. Comment la traque peut-elle se terminer ? Dominique Sylvain, qui a vécu au Japon, s’est servi de sa parfaite connaissance de la capitale pour nous y plonger corps et âme, avec une écriture fine, ciselée et extrêmement addictive.

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