Polar

Matthew Stokoe

La Belle Vie

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photo libraire

Chronique de Jérôme Dejean

Librairie Les Traversées (Paris)

La prétendue belle vie de Matthew Stokoe est une plongée crue et brutale dans l’envers du rêve hollywoodien. La chronique d’une déchéance annoncée sur fond de sexe et de défonce. Mais pas seulement.

Depuis quelque temps déjà, la rumeur enflait, le roman choc traduit par Antoine Chainas à la « Série Noire » nous promettait le pire, sans espoir de retour. Vrai et faux. L’histoire est celle de Jack, apprenti comédien, apprenti rêveur du rêve hollywoodien, marié à une fille aussi paumée que lui, prostituée à ses heures. Une dispute, elle disparaît – ce n’est pas la première fois. Jack part à sa recherche dans les rues de L.A. Après quelques jours, il retrouve son d’un cadavre. La police est déjà sur les lieux. Un meurtre, un massacre. Il s’enfuit, essaie de disparaître. Harcelé par un flic, Jack débute alors une vraie fausse enquête. Une plongée dans l’univers de Karen, celui de la prostitution, des camés, là où les corps se vendent comme des marchandises. Il trouve refuge de l’autre côté du miroir et s’y perd. Le lapin blanc c’est Bella, femme fatale, jolie présentatrice sur le câble qui lui ouvre les portes d’Hollywood et lui fait parcourir les neuf cercles de l’enfer. Pourtant, nous ne sommes pas chez Lewis Carroll, ni chez Dante, plutôt chez Sade. Pas d’espoir, pas de retour possible. À l’image de la ville, c’est vide, vain, superficiel et violent. Le roman, sous couvert de « provoc’ » pure, se dévoile alors plus subtil, malgré l’écœurement.

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