Essais
Jean-Claude Kaufmann
Identités
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Jean-Claude Kaufmann
Identités
Textuel
12/03/2014
64 pages, 8 €
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Chronique de
Florence Zinck
Librairie Sauramps Comédie (Montpellier) - ❤ Lu et conseillé par 1 libraire(s)
✒ Florence Zinck
(Librairie Sauramps Comédie, Montpellier)
Sociologue, auteur notamment de L’Invention de soi (Pluriel, 2010). Une théorie de l’identité, Jean-Claude Kaufmann revient aujourd’hui sur la notion d’identité avec son dernier ouvrage, Identités, la bombe à retardement.
Jean-Claude Kaufmann l’annonce d’emblée en exergue : « La France va mal. Et l’Europe ne va guère mieux ». Le ton est donné. Notre société de la performance n’a pas réussi à empêcher les replis communautaires. Le sociologue pointe les effets néfastes de la montée de l’intégrisme identitaire, rappelant au passage les trois grandes erreurs ordinairement commises lorsqu’on s’interroge sur la notion d’identité. La première consiste à croire que l’identité renvoie à l’Histoire, alors qu’il est essentiellement le fruit d’un travail individuel. La deuxième est de confondre l’identité personnelle avec l’identité administrative, et la troisième est de considérer l’identité comme inaltérable et stable. À l’appui de son propos, il cite très opportunément Rimbaud : « Je en tant que Je est continuellement un autre ». Il résulte de cette enquête effectuée depuis une trentaine d’années un constat alarmant dont Jean-Claude Kaufmann tire des conséquences politiques. Pour lui, seule la raison critique peut s’élever pour résister aux inégalités et aux claustrations identitaires. À cet égard, il me semble intéressant de citer l’ouvrage du philosophe Vincent Descombes, Les Embarras de l’identité, sorti en janvier dernier (Gallimard), qui pose la question de l’identité face à ses troubles et son énigme lexicale, et examine le concept d’identité aujourd’hui. J.-C. Kaufmann nous invite à défendre nos valeurs les plus chères, celles de l’autonomie et de la liberté personnelle, qui restent le paravent à tous les intégrismes, quels qu’ils soient. N’oublions pas la phrase que Claude Lévi-Strauss prononçait en 2005 à Paris : « J’ai connu une époque où l’identité nationale était le seul principe concevable des relations entre les États. On sait quels désastres en résultèrent ». De cette ténuité même devraient naître quelques leçons.