Essais
Patrick Boucheron
Ce que peut l’histoire
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Patrick Boucheron
Ce que peut l’histoire
Fayard
18/05/2016
72 pages, 12 €
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Chronique de
Florence Zinck
Librairie Sauramps Comédie (Montpellier) -
❤ Lu et conseillé par
4 libraire(s)
- Florence Zinck de Sauramps Comédie (Montpellier)
- Christelle Chandanson de Elkar (Bayonne)
- Natacha De La Simone de L'Atelier (Paris)
- Christine Milhès de Privat (Toulouse)
✒ Florence Zinck
(Librairie Sauramps Comédie, Montpellier)
Patrick Boucheron, historien du Moyen Âge et professeur au Collège de France, titulaire d’une chaire, nous livre ici sa leçon inaugurale, « Ce que peut l’histoire », prononcée le 17 décembre 2015. Un beau plaidoyer en faveur de l’Histoire et de la puissance de la langue.
Ce qui est remarquable dans sa démonstration, c’est qu’il réactualise les problématiques du passé en les faisant résonner avec celles du présent. Il prend même des libertés inhabituelles en professant une histoire « faisant droit aux futurs non advenus », défaisant les continuités et bousculant la périodisation, avec ce souci de réorienter les sciences sociales vers la Cité. Patrick Boucheron nous transmet dans cette leçon, le prolongement de son éminent travail publié, aussi bien lors des événements de Janvier 2015 avec Mathieu Riboulet, Prendre dates (Verdier), que dans son dialogue avec Corey Robin, L’Exercice de la peur. Usages politiques d’une émotion (P.U. de Lyon, 2014). La quintessence de sa leçon repose effectivement sur la notion du Politique : qu’est-ce qu’être gouverné ? En faisant référence à son ouvrage Conjurer la peur : Sienne, 1338. Essai sur la force politique des images (Seuil, 2013), il rappelle « les effets du Buon Governo en ville et à la campagne » à travers le tableau du peintre Ambrogio Lorenzetti. Réconciliant l’érudition et l’imagination, l’historien est aussi un écrivain du présent et un amoureux de littérature (il suffit de lire son Léonard et Machiavel, Verdier, 2008), tout comme sa leçon citant des extraits des Misérables de Victor Hugo, de La Divine Comédie de Dante, ou de Hamlet de Shakespeare. Par ses mots : « Sauver le passé, sauver le temps de la frénésie du présent ; les poètes s’y consacrent avec exactitude », Patrick Boucheron rappelle qu’« il faut pour cela travailler à s’affaiblir, à se désœuvrer, à rendre inopérante cette mise en péril de la temporalité qui saccage l’expérience et méprise l’enfance ». Et pour parvenir à cela, nous tenir « calmes, divers et exagérément libres… »