Littérature française

Tobie Nathan

Et si c’était une nuit

photo libraire

Chronique de Lyonel Sasso

Librairie Dialogues (Morlaix)

On sera étonné de lire Tobie Nathan dans un registre proche du picaresque. Sans doute quelques anciennes lectures de Calderon et sa Vie est un songe. En refermant son livre, on ne saura dire si cette histoire tient du conte ou du réel. Peu importe, on sait depuis longtemps que tout se joue entre les deux. Pour le jeune Tobie, le destin a tonné une nuit de mai 1968. Révolution, conviction maoïste et motocyclette pétaradante, voilà pour le décorum. Le reste est un livre superbe et intime. Les fragrances d’une enfance égyptienne se collent à la passion d’une lecture freudienne précoce. Mais aussi une vie de banlieue et une suite de portraits d’exilés. Même l’amertume porte un beau parfum chez Nathan. On y décèle un hommage appuyé à Georges Devereux, personnage fascinant, quasi indéfinissable. L’histoire de cette nuit ressemble parfois à une fugue à la Modiano, avec ce même ballet de personnages étranges, trimbalant leur complot éclatant. L’amour des femmes et la défiance face au mouvement des masses guident le jeune Tobie. La cadence de ce livre est le galop, on se prête volontiers à cette course.

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