Essais
Robert McAlmon
Bande de génies
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Robert McAlmon
Bande de génies
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Paul Bouffartigue
Séguier
18/01/2024
22,90 €
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Chronique de
Lyonel Sasso
Librairie Dialogues (Morlaix) -
❤ Lu et conseillé par
2 libraire(s)
- Laurence Behocaray de I.U.T. Carrières sociales, Université (Tours)
- Lyonel Sasso de Dialogues (Morlaix)
✒ Lyonel Sasso
(Librairie Dialogues, Morlaix)
Noctambule assidu et éditeur de la « génération perdue », Robert McAlmon laisse un témoignage addictif du Paris des années 1920. La ville revit magnifiquement sous sa plume.
Bande de génies de Robert McAlmon rappelle d’autres fêtes. On dira plutôt d’autres lectures. Première comparaison, avec Maurice Sachs. Car le livre de McAlmon est bel et bien le pendant anglo-saxon du corrosif Au temps du bœuf sur le toit. Cela recouvre la même période et, en grande partie, les mêmes lieux et personnages. Dans les deux cas, il ne faut pas craindre l’effet du name dropping. Mais ce qui est plus intéressant pour nous autres lectrices et lecteurs, c’est ce style fielleux que Sachs et McAlmon ont en commun. De vraies langues de vipères biberonnées au dry Martini qui alignent des punchlines pas possibles sur leurs contemporains. Alors quels contemporains justement ? On parle de James Joyce, de T. S. Eliot, de Cocteau ou Radiguet. Mais il y a, sous la plume de McAlmon, un bon paquet d’étoiles oubliées : Djuna Barnes, Ford Madox Ford, Nina Hamnett, Mary Butts ou encore l’inénarrable Mina Loy. Toutes ces existences mériteraient des romans. Car McAlmon ne fait que nous enfoncer dans notre boîte crânienne cette vérité implacable : la réalité dépasse la fiction. D’ailleurs, pour notre seconde comparaison littéraire, on vous invitera à relire le Paris est une fête d’Ernest Hemingway. Mais si Sachs et McAlmon sont en prise directe avec leur récit, celui d’Hemingway est parfumé de la nostalgie d’un vieux monsieur à qui on ne la fait plus. Ce qu’apporte le texte de McAlmon est bel et bien une terrible vivacité. On commence avec un portrait de la ville de Londres à l’acide. L’auteur dira que c’est pour mieux aimer Paris que la capitale anglaise est ainsi détestée. Les portraits de Joyce au travail ‒ c’est à dire au bar ‒ et d’Ezra Pound sont remarquables. Plus que de simples anecdotes, ces vignettes nous montrent des artistes dans leur labeur et dans leur quotidien. Le texte de McAlmon a aussi ce grand mérite : nous donner envie de lire des autrices et des auteurs. Une fois ce volume refermé, on foncera lire les poèmes de William Carlos Williams, Ezra Pound et qui sait ? Terminer Ulysse de Joyce !