Littérature étrangère

Ann-Marie MacDonald

Fayne

✒ Juliet Romeo

(Librairie La Madeleine, Lyon)

Dans le nouveau roman d’Ann-Marie MacDonald, Fayne, nous plongeons dans les landes écossaises de l’époque victorienne, avec autant de délice que l’héroïne Charlotte qui prend plaisir à apprendre et à s’émanciper.

Fayne est avant tout un manoir qui se dresse au milieu d’une tourbière, entre l’Écosse et l’Angleterre. Un manoir qui appartient à la famille Bell et qui abrite Charlotte Bell et son père, Lord Henry, ainsi que la nourrice Knox et le mystérieux vieux Byrn qui parle un patois écossais plein de légendes. Un manoir qui enferme Charlotte, à cause d’une « condition » médicale qui l’empêche de voir le monde et de rencontrer d’autres personnes. Un manoir hanté par le frère décédé de Charlotte, Charles. Jusqu’au jour où le père de la jeune fille ne sait plus comment étancher sa soif de savoir et embauche un précepteur qui la préparera à son rêve : entrer à l’université. Jusqu’au jour où les premières règles de Charlotte arrivent. Jusqu’au jour où les secrets de famille vont devoir éclater. Dans cette ambiance victorienne, imprégnée de la littérature des sœurs Brontë, Ann-Marie MacDonald développe des thématiques on ne peut plus contemporaine ‒ le genre, la sexualité, l’égalité hommes-femmes ‒ tout en nous dévoilant l’important travail de documentation qu’elle a effectué sur les avancées médicales et scientifiques de l’époque. Car la « condition » de Charlotte est entourée de secrets et de mystères. L’autrice joue avec les points de vue et les récits en proposant des retours dans le passé de ses parents. Les voix de Lord Henry, de Lady Mary, la mère de Charlotte (dont on pourra lire la correspondance), de Clarissa, sa tante, donnent aux lectrices et lecteurs autant d’indices que de fausses pistes. Chaque description, chaque dialogue plein d’humour, de mélancolie ou de cruauté, fait de Fayne une œuvre puissante et addictive qui embrasse passé et présent à travers le destin d’une héroïne inoubliable.

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