Polar

Thomas Bronnec

Collapsus

✒ Juliet Romeo

(Librairie La Madeleine, Lyon)

Dans son nouveau polar politique, Thomas Bronnec nous invite dans les coulisses du pouvoir, aux côtés du président de la République, de ses alliés, de ses ennemis, dans une véritable descente aux enfers.

Par un hasard électoral, Pierre Savidan, gourou d’Internet, créateur d’extracteurs de jus, animateur de stage écologique, devient président de la République. Avec pour programme : faire tous les sacrifices pour réduire l’empreinte carbone de la France et tenter de sauver ce qui peut encore l’être de la planète. Parmi les mesures que le président a déjà mis en place au début du roman, il y a le covoiturage obligatoire, un système de score écologique individuel qui fait gagner à la population des avantages ou au contraire leur fait payer plus d’impôts. Et bientôt, des centres de rééducation. Collapsus est le polar de la dérive idéologique. Car si nous sommes toutes et tous conscients de l’importance de limiter au maximum l’impact de nos vies sur la planète, nous ne souhaiterions pas pour autant le faire au prix d’une dérive dictatoriale ou d’une limitation de nos libertés. Si certains personnages sont des jusqu’au-boutistes, à l’instar de Fanny Roussel, éminence grise du président, d’une violence totalement inouïe face à ceux qui, selon elle, ne veulent pas de changements, nombreux sont ceux qui subissent cette dérive, ne l’ayant pas vu arriver. Et Collapsus est également le polar de la dérive du pouvoir. Pierre Savidan, qui se veut un homme simple, préférant sa maison isolée à l’Élysée, devient rapidement un président autoritaire, à la limite de la dictature, profitant de sa position pour appliquer son programme mais aussi pour séduire une jeune assistante ou demander l’anéantissement de ses ennemis à ses sbires. On pense bien sûr aux dérives autoritaires passées ou présentes en France, aux États-Unis, au Brésil ou à l’Italie plus récemment. Mais Collapsus nous offre une réflexion intéressante sur la notion même de pouvoir, son ivresse, ses limites et sur ce qu’il nous faudrait faire pour préserver la démocratie de notre pays.

Les autres chroniques du libraire