Littérature française

Brigitte Giraud

Pas d’inquiétude

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photo libraire

Chronique de Aurélia Magalhaes

Bibliothèque/Médiathèque Jean Cocteau (Massy)

Lorsque la maladie fait irruption dans 
le quotidien de sa famille en frappant l’un 
de ses enfants, un père décide de se battre. Ce faisant, c’est sa place d’homme parmi 
les siens et aux yeux de la société qui s’en trouve bouleversée.


Tout souriait à cette famille quand la maladie a bouleversé sa belle harmonie. Ils avaient une maison enfin à eux et une promotion tellement méritée pour la mère... Désormais, rien ne sera plus comme avant : la crainte insoutenable de voir son enfant succomber à un mal inexplicable et injuste fait irrémédiablement partie de leur quotidien. L’un des parents devra rester à ses côtés. C’est le père, narrateur du roman, qui s’occupera de Mehdi. D’abord, il prend un congé maladie. Puis, touchés par le drame, ses collègues lui offrent du temps en collectant leurs RTT. Désormais, il est père au foyer. Lui qui s’était construit son équilibre à l’extérieur, parmi les hommes avec lesquels il travaillait dans une imprimerie, doit se trouver de nouveaux repères temporels et sociaux. Cette nouvelle organisation familiale oblige à laisser de côté les lieux communs qui définissent la place des individus ou leur faculté à s’émouvoir en fonction de leur sexe. Cet homme apprend à vivre au jour le jour, au rythme de la maladie de son fils qui le laisse tantôt en forme, tantôt diminué. Il cherche à être un bon père et se rend compte qu’il ne s’agit pas seulement de blanchir et de nourrir, mais aussi de rassurer tout en affrontant ses propres peurs. En restituant ce point de vue singulier, l’auteur nous fait sentir la solitude du narrateur. Le dialogue se rompt au sein du couple parce qu’évoquer la maladie, c’est admettre que leur fils risque de mourir. Et puis, il laisse ses amis s’éloigner. Leurs priorités sont loin des siennes. Enfin, face à ce temps qui lui est donné, il ne sait comment réagir ni comment en user ; et de cela il ne peut parler à personne. Comment trouver sa place de père, de mari et d’homme quand la vie nous joue une farce grinçante ? Comment recevoir un don qui fait voler en éclats la frontière entre la vie privée et le travail ? Plus qu’un texte sur la maladie, plus qu’une histoire particulière, ce roman nous incite à nous interroger sur notre besoin d’être accepté.

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