Littérature étrangère

Jessica Knoll

American Girl

photo libraire

Chronique de Aurélia Magalhaes

Bibliothèque/Médiathèque Jean Cocteau (Massy)

Avec opiniâtreté, Ani s’est forgée l’image de la parfaite fiancée new-yorkaise. Mais derrière le verni, la jeune fille blessée n’est pas loin. Elle prépare sa vengeance.

Dès les premières pages, il est difficile de rester indifférent à l’hypnotique Ani. Le lecteur peut se trouver agacé par la description du milieu new-yorkais dans lequel elle évolue, ou être intrigué par sa détermination à épouser des codes qui ne lui sont manifestement pas innés. Ani est tranchante de cynisme, elle contrôle son corps comme l’ensemble de ses relations, et l’on comprend rapidement que son ambition démesurée est un rempart pour tenir à distance son adolescence meurtrie. Mais Ani tient l’occasion de se venger : un documentaire va être tourné et elle va pouvoir donner sa version des faits en dénonçant ses bourreaux. Le roman alterne les chapitres au présent avec le récit de ce qui a définitivement bouleversé la vie de TifAni. À mesure que l’on discerne l’horreur de ce qui s’est passé, on comprend comment elle est devenue ce personnage apparemment froid, mais en réalité si complexe qu’il en devient attachant – notamment pour l’immense dose de résilience qu’il lui a fallu afin de se réinventer. Surtout, on est effaré de constater à quel point le désir d’appartenance peut façonner les jeunes, et l’on en vient à se demander ce qui se cache derrière des vies qui nous paraissent apparemment parfaites.

illustration

Les autres chroniques du libraire