Mille milliards de rubans

« Le prêt-à-porter naît peut-être avec la robe la moins prête à porter de tous les temps. » Ainsi débute en fanfare l'étonnante et brillante Histoire de la mode de Loïc Prigent, connu jusque dans la sphère littéraire pour ses recueils d'aphorismes glanés au gré des fashion weeks. Des balbutiements de la mode industrialisée à l'avènement de la petite robe noire de Coco Chanel, il nous montre que la crinoline, la tournure ou encore le froufrou des créations Worth sont indissociables d'un envers du décor moins glamour. Rien n'échappe à ce fin connaisseur de la mode : le développement d'un capitalisme effréné, le sort des ouvriers dans les usines textiles, l'oppression des femmes qui s'exprime aussi bien dans la société que dans leur garde-robe. L'industrie de l'élégance devient, au cours du XIXe siècle, un véritable enjeu financier et un instrument de soft power. Alors, la mode n'est-elle vraiment qu'une affaire de chiffons et de paillettes ?