Les Yeux de travers

Il est jeune et vit dans une ville touristique de bord de mer. Il sourit, rentre le ventre, constant et obstiné. Il avance et travaille. Il sillonne la ville, amie plus que décor. Il s’assied dans les squares et regarde. Travaille encore. Et sourit toujours. Il enchaîne les boulots précaires pour rembourser sa dette. Serveur, caméraman, agent d’accueil dans un théâtre, « incitateur à la consommation » pour une marque d’alcool, livreur à vélo : chaque boulot est une épopée grinçante, accidentée. Son seul désir : travailler dans le cinéma. Mais d’abord, payer sa dette. Lecteur, tu seras agrippé à sa logorrhée vibrante. Sa précarité grandissante t’oppressera. Le rythme saccadé, heurté, l’urgence d’avancer, le manque de souffle, la faim qui creuse te prendront. Et puis, elle marchera à côté de lui. « Ils ne sont pas vieux mais ce n’est pas un amour de jeunesse. » Portrait âpre et pourtant teinté d’espoir d’une jeunesse aux abois. Percutant.