Littérature française

Élise Fontenaille

Le Palais de mémoire

photo libraire

Chronique de Nadège Badina

Librairie Le Square (Grenoble)

Avec Le Palais de mémoire, Élise Fontenaille compose un récit spirituel et sensuel, et prouve une fois de plus qu’elle a l’art d’explorer des thèmes novateurs et des univers pour le moins intriguant.

Pékin,1722. Artus de Leys, prêtre jésuite, est invité par l’empereur Kangxi à former les jeunes lettrés de la Cité Pourpre. Il y rencontre Jade, jeune prince qui le séduira bien malgré lui. Si Artus lui apprend non seulement la foi chrétienne, il lui enseigne également l’Ars Memoriae, cet art issu de la rhétorique, complexe, séduisant et quelque peu sorcier. En contrepartie, Jade l’initie à l’opium, le plus doux refuge contre le tranchant du réel, « un cocon vénéneux » qui les perdra tous les deux. Désormais, Artus n’a plus que son palais de mémoire pour se souvenir… ou tenter d’oublier. Grâce à ce missionnaire atypique qui pense que « la voie du Tao et la sagesse de Confucius ne sont pas incompatibles avec la foi chrétienne », Elise Fontenaille explore avec adresse différentes philosophies et croyances. Elle enrichit son récit de citations de Cicéron et de Li Po, nous transportant dans une époque où la Chine n’était plus qu’« un bel édifice qui s’est brisé comme porcelaine de Macao ». Fascinant.

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