Bande dessinée

Harvey Pekar , Joseph Remant

Cleveland

photo libraire

Chronique de Bruno Moulary

Librairie Le Cadran lunaire (Mâcon)

Harvey Pekar est mort à 70 ans, en 2010. Beaucoup de lecteurs français ont découvert son œuvre en 2003, à l’occasion de la sortie du film American Splendor, qui dévoile une démarche au style oscillant entre Bukowski et Carver. Cleveland se présente comme un concentré du travail de Pekar. Il s’agit surtout d’un portrait de cette ville qui l’a vu naître et mourir. L’auteur y déambule tout en évoquant son histoire, depuis son apparition sur une étendue de terre déserte à l’élection d’Obama, en passant par le krach de 1929. Une phrase résume ce lieu : « Aucun jeune couple aisé n’a envie d’y voir grandir ses enfants ». Pourtant, Pekar s’y raconte. Cette ville est sienne. Tout comme lui, elle semble toujours au bord de l’implosion, en même temps qu’elle est pleine de vie et de désir. L’album s’achève par une phrase bouleversante : « j’aimerais bien voir ça. », comme si ce grand auteur, parfois tourmenté, se révélait soudain enclin à l’apaisement.

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