Littérature étrangère

Uwe Tellkamp

La Tour

photo libraire

Chronique de Dominique Paschal

Pigiste ()

Un roman aussi ample sur la vie quotidienne en RDA avant la chute du mur manquait à la littérature allemande. Uwe Tellkamp saborde le monde totalitaire avec minutie.

La déliquescence du système politique de la RDA apparaît en creux dans ce roman historique et de formation. De 1982 à 1989, le jeune garçon Christian Hoffman subit les années sombres, d’abord en pension puis à l’armée. Il est issu d’une famille d’intellectuels, père médecin, mère infirmière, tous musiciens. Bien sûr, la vie des Hoffman dans ce quartier bourgeois de Dresde s’écoule confortablement. Mais le médecin-chef confronté à des manques à l’hôpital – de médicaments, d’électricité – émet des critiques auprès de sa direction. La police politique le convoque et l’oblige à collaborer. L’auteur s’attache au moindre détail, aux regards en coin, aux odeurs, pour palper le malaise de la suspicion, de cette sensation oppressante que toute vie est transparente. La précision du quotidien rappelle les rapports de la Stasi – bien que ce nom ne figure pas dans le roman. Les voisins des Hoffman s’observent, s’épient, d’autres volent des briquettes de charbon. La société totalement schizophrénique participe par peur à la survie de ce régime dictatorial. Mais 1989 se profile avec la liberté au bout du tunnel. Balzac et Thomas Mann accompagnent cet écrivain de grand talent doué pour la liberté.

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