Littérature étrangère

Jenni Fagan

La Sauvage

photo libraire

Chronique de Charlène Busalli

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Davantage habituée à l’écriture poétique que romanesque, la jeune auteure écossaise Jenni Fagan nous offre un superbe premier roman à la prose brute, et toutefois imprégnée de poésie.

C’est en portant une jupe couverte de sang qu’Anais, 15 ans, arrive au Panopticon, un centre pour adolescents difficiles. Elle est accusée d’avoir agressé un agent de police qui se trouve à présent dans le coma. Anais n’a que de vagues souvenirs de ce qui s’est passé alors qu’elle tentait d’échapper à la police, des souvenirs étrangement mêlés à l’image floue d’un écureuil. Au départ, Anaïs ne voit pas d’un bon œil son nouveau foyer. La structure panoptique du lieu, qui permet d’être vue de n’importe quel endroit, renforce sa conviction qu’elle n’est qu’un cobaye forcé de participer à une expérience. Elle va pourtant s’intégrer. À sa manière. Anais se lie progressivement d’amitié avec les écorchés vifs parmi lesquels elle vit désormais et qui forment une étrange famille. On s’attache rapidement à cette jeune fille à l’esprit embrouillé, dont l’auteure dépeint avec beaucoup de subtilité, à la fois la vulnérabilité et la force combative, et qui sait ne pouvoir compter que sur elle-même. Jenni Fagan signe un roman fort, et l’on ne s’étonne guère que la revue littéraire britannique Granta l’ait désignée comme l’un des écrivains britanniques les plus prometteurs de la décennie.

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