Jeunesse Dès 14 ans

Pauline Bilisari

Les astres brilleront toujours

✒ Gaëlle Farre

(Librairie Maupetit, Marseille)

Après deux recueils de poésie, Pauline Bilisari fait son entrée en littérature jeunesse avec Les astres brilleront toujours, un roman en vers poignant. S’y rencontrent Céleste et Côme, deux jeunes adultes meurtris qui vont partager leurs colères, leurs peines et leurs doutes.

Vos premières parutions étaient des recueils de poésie. Avez-vous toujours écrit en vers ? Que représente pour vous ce genre littéraire ?

Pauline Bilisari J’ai commencé à écrire de la poésie à 15 ans. J’étais en classe de terminale, un peu perdue face à l’avenir et je laissais simplement mes pensées voguer seules jusqu’à mon poignet durant les cours. Ma poésie est née comme ça, même si je ne l’appelais pas encore ainsi à l’époque. Aujourd’hui la poésie est devenue pour moi une langue à part entière. C’est mon moyen d’expression le plus pur, le plus authentique et le plus sincère. Elle est aussi la plus belle chose qui me soit arrivée et je me verrais difficilement évoluer sans elle, désormais.

 

Votre première parution à destination de la jeunesse est un un roman en vers. Pourquoi ce choix ?

P. B. Je ne suis pas certaine de l’avoir vraiment choisi. Le premier roman que j’ai écrit était en prose et Les astres brilleront toujours aussi, initialement. Les premiers chapitres du tout premier jet du moins. C’est ce que j’avais toujours connu en tant que lectrice. Mais rapidement, la poésie a pris une place immense dans ma vie et j’ai cru que je ne serais plus jamais capable d’écrire de la fiction. Puis j’ai découvert un roman qui jouait entre prose et vers avec une telle poésie que ce fut une révélation. Je me suis dit que, moi aussi, je pourrais peut-être mêler ces deux genres que j’aime tant. Et lorsque j’ai repris l’écriture des Astres brilleront toujours, des années après en avoir posé les premières lignes, à l’instant même où je laissais mes vers s’écouler, j’ai su. C’était une évidence et j’ai sincèrement eu l’impression de retrouver un bout de moi dans la fiction, que j’avais cru perdu. Un roman en vers, pour moi, c’est l’émotion à fleur de ligne, c’est le côté instantané, incisif du texte. Tout y est plus fort, plus puissant, plus percutant. Ce sont des émotions et des sensations décuplées et pour la grande sensible que je suis, il y a quelque chose de magique dans tout cela.

 

La jeunesse est-elle un public auquel vous souhaitiez vous adresser ?

P. B. J’ai toujours voulu écrire pour la jeunesse, c’est même par là que j’ai commencé en auto-éditant mon premier roman il y a quelques années. Mon premier rêve d’autrice, avant que la poésie n’arrive dans ma vie pour tout y chambouler (pour le meilleur !), c’était la fiction pour adolescents. Même en publiant mes premiers recueils de poésie et en m’épanouissant pleinement dans mon rôle de poétesse, j’espérais pouvoir y revenir un jour, découvrir ce genre de l’autre côté, si on m’en laissait l’occasion et si j’arrivais à produire un texte suffisamment bon pour cela. L’occasion s’est présentée avec Les astres brilleront toujours et aujourd’hui, après huit ans à l’espérer, ce rêve se réalise enfin.

 

Vous parlez de la santé mentale chez les jeunes avec une immense justesse. D’où vient ce regard affûté ?

P. B. Évidemment beaucoup de vécu. Je suis moi-même une jeune adulte et j’ai connu, comme beaucoup, des moments de santé mentale difficiles. Je crois que je me nourrirai toujours de ce que je connais le mieux : la santé mentale est, et restera sans doute longtemps, une thématique de prédilection ‒ mes recueils de poésie, radicalement intimes, en sont la preuve. C’est peut-être aussi une sorte de combat. Pour faire enfin entendre la voix de tous ceux qui se sont tus si longtemps. Moi aussi, j’ai été une adolescente silencieuse. J’écris pour me rappeler que ma voix compte. Que toutes nos voix compteront toujours.

 

Quelles sont vos lectures poétiques fétiches ? Auriez-vous des romans en vers à nous faire découvrir ?

P. B. Pour ce qui est des romans, je vous conseillerais Les Nuits bleues d’Anne-Fleur Multon, même s’il n’est pas exclusivement en vers. C’est le roman qui m’a montré que l’on pouvait mêler les genres. Mais aussi Marie-Lou-le-Monde de Marie Testu ou Un garçon, c’est presque rien de Lisa Balavoine. En matière de poésie « pure », je suis souvent plus sensible à celle des Anglo-saxons mais j’aimerais citer Tous mes Hasards se ressemblent de Déborah Garcia qui est francophone.

 

 

À 18 ans, Céleste a une immense difficulté à vivre. Brisée par l’absence de ses parents, elle est tout en provocation et en insolence. Au lycée, Côme parvient à l’approcher à force de patience et leurs sensibilités vont alors se reconnaître. Pauline Bilisari signe un roman percutant et profondément juste sur deux solitudes qui se heurtent mais se comprennent. Il est question de santé mentale des jeunes et de sensibilité masculine tout autant que d’amitiés et de rencontres salvatrices – mention spéciale pour le personnage de Jean, le libraire ! – à un âge où il est si difficile de communiquer. Les astres brilleront toujours est un récit parfaitement ciselé qui m’a fait vibrer du début à la fin.

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