Jeunesse

Antoine Dole

Ce qui ne nous tue pas

✒ Gaëlle Farre

(Librairie Maupetit, Marseille)

Les premiers romans d’Antoine Dole étaient marqués par la révolte, ainsi qu’une certaine dureté. Ici, l’ambiance est sensiblement la même, du moins dans les premiers chapitres. Puis on assiste à la lente métamorphose d’une héroïne qui expérimente la douceur…

L’ambiance chez Lola est impossible : ses parents ne s’entendent plus et vont se séparer. Avec leur fille, l’incompréhension va crescendo et les silences envahissent tout. « Autour de moi, ce n’est pas le silence que l’on trouve quand tout est calme et serein, mais le silence avec lequel on fabrique les absences et les zones de solitude, celui qui prend forme quand la nuit est partout. » Ces silences engendrent des colères que Lola fait éclater sèchement. Elle ne sait pas les mots, elle ne sait qu’agresser et mal répondre. Alors au collège, cela va de mal en pis. Lola n’a plus de respect pour rien et les retards ainsi que les mauvaises notes s’accumulent. Arrive le terrible jour où Lola frappe celui qui était son meilleur copain, Martin. « Frapper ces traits qui ne sont plus ceux de Martin mais ceux du monde entier, ce monde que je déteste et que je veux faire souffrir autant que je souffre. » Après ça, Lola fugue et se retrouve chez une vieille dame sénile, qui dit s’appeler Simone mais se nomme en réalité Colette. Celle-ci est menacée d’expulsion et a perdu toute notion du temps. Lola va tout d’abord se cacher, puis, contre toute attente, décide de prendre soin de la vieille femme et tente de rendre ses derniers jours plus doux. Lola se confronte à un autre type de solitude et apprend auprès de Simone/Colette la douceur, la tendresse. Lola caresse les cheveux de Simone, la borde, lui raconte des histoires pour rendre son présent plus acceptable. « Elle découvre qu’avec de l’amour, c’est possible de déformer les chemins tout tracés ; avec l’envie, avec le cœur. Que tant qu’on aime on n’est pas seul ». La rencontre de ces deux solitudes permettra à l’une de mourir plus paisiblement et à l’autre d’oser rappeler ses parents. Antoine Dole signe un superbe récit, très fort et émouvant.

Les autres chroniques du libraire