D'une aube à l'autre

Tandis que le pédiatre, suspectant une anémie, prescrit une prise de sang, les résultats n'étant pas bons, il invite les parents à se rendre aux urgences dès le lendemain. Nous sommes le 17 mars 2020, Macron prononce un discours pour expliquer le choix du confinement et l'état d'urgence dans cette lutte contre la pandémie qu'il qualifie de guerre. Pour les parents d'Adam, il va s'agir d'une tout autre bataille. Une LAM ou leucémie aiguë myéloblastique, voilà le terrible diagnostic qui implique un an d'hospitalisation. Passé le choc de cette dramatique nouvelle, l'écrivaine nous raconte le quotidien réécrit autour de l'enfant malade, l'organisation des journées, la vie à l'hôpital plus isolée encore en cette période de douloureux confinement. Elle rend un hommage vibrant aux membres du personnel soignant qui colorent par leur joie de vivre, leur humour et leur dévouement un quotidien sinistre. Alors que la narratrice a une conscience aiguë que son fils peut ne pas survivre, elle comprend qu'elle n'a qu'un moyen de traverser cela, par la joie, l'abnégation et une volonté infaillible : « Tu as décidé, en un millième de seconde : tu vas puiser loin en toi, trouver une force colossale. Personne ne t'a appris, mais tu vas savoir faire. C'est ça, être mère. » Adam restera 158 jours hospitalisé pendant lesquels il connaît des jours difficiles, des examens contraignants mais également des moments de partage joyeux. Laurence Tardieu nous parle avec douceur de ce petit garçon attachant, émerveillé par le film d'animation Mon voisin Totoro, sa passion dévorante et peu commune pour les camions-poubelles, ses questions existentielles. Par la grâce d'un langage sensible, intime et vrai, émaillé de références poétiques et de douces réflexions philosophiques, Laurence Tardieu écrit un texte bouleversant que l'on lit dans une urgence fébrile. Un écrit inoubliable.