Littérature étrangère
Chris Kraus
Baiser ou faire des films
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Chris Kraus
Baiser ou faire des films
Traduit de l’allemand par Rose Labourie
Belfond
21/01/2021
22,50 €
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Chronique de
Ophélie Drezet
Librairie La Maison jaune (Neuville-sur-Saône) -
❤ Lu et conseillé par
8 libraire(s)
- Isabelle Aurousseau-Couriol de de Paris (Saint-Étienne)
- Martine Coussy de Entre les lignes (Chantilly)
- Madeline Roth de L'Eau vive (Avignon)
- Audrey Andriot de Jonas (Paris)
- Cyrille Falisse de Papiers collés (Draguignan)
- Abelya Atain-Kouadio de François Villon (Paris)
- Ophélie Drezet de La Maison jaune (Neuville-sur-Saône)
- Jean-David Henninger de La Marge (Haguenau)
✒ Ophélie Drezet
(Librairie La Maison jaune, Neuville-sur-Saône)
Un roman loufoque avec des personnages improbables sur fond de sixties et de réflexion sur les germes que les nazis ont laissés à leur descendance : Chris Kraus nous offre une nouvelle aventure haute en couleur et captivante !
« Je ne tournerai pas de film à la con sur les nazis ! » Voilà comment commence le journal de Jonas, que nous donne à lire son fils Puma. Nous sommes à la fin de l’année 1996 et le jeune étudiant en cinéma Jonas a obtenu une bourse avec son professeur de cinéma et cinq autres élèves. Il doit alors se rendre aux États-Unis pour régler quelques problèmes administratifs et aussi trouver le sujet du film qui, comme l’impose son professeur, doit avoir un sujet sexuel : alors, documentaire philosophico-pornographique ou film sur le potentiel sexuel des lobes d’oreilles ? Seulement, dans l’immense ville de New York, il retrouve sa « tante » Paula qui le contraint à remonter aux racines de sa famille : le grand-père de Jonas a vécu la Seconde Guerre mondiale en tant que SS. Pourtant, il a sauvé Paula. Alors, même si tout autour de lui semble l’imposer, il ne fera pas de « film à la con sur les nazis » et ne veut rien entendre sur le potentiel bon cœur de son tortionnaire de grand-père. Après La Fabrique des salauds (Belfond et 10/18), Chris Kraus nous régale d’un nouveau roman bien différent du premier. Dans cette histoire complètement déjantée, nous croisons la route de personnages tout aussi farfelus les uns que les autres, dans un pays où planent encore les ombres déchues des sixties avec, en toile de fond, une histoire d’amour elle-même loufoque. Mais, entre deux rires suscités par le comique de situation, se tisse une méditation sur le caractère héréditaire de la violence. Comme précédemment chez Chris Kraus, le mal n’est pas une entité propre mais un fragment en chacun de nous, toujours susceptible d’être pris à partie et d’enfler si la moindre occasion le permet. Sous couvert d’un roman cocasse parfaitement bien mené, l’auteur nous conduit une fois de plus à nous interroger sur le nazisme.