Littérature étrangère

Eugen-Ovidiu Chirovici

Jeux de miroirs

illustration

Chronique de Stanislas Rigot

Librairie Lamartine (Paris)

Titre en compétition pour le 40ème Prix Relay des voyageurs lecteurs

Phénomène d’édition comme l’époque les aime tant, Jeux de miroirs vaut bien mieux que sa plate réputation de futur best-seller. Cette histoire de manuscrit inachevé est une brillante et passionnante démonstration d’illusions.

Et voilà le retour de la Rumeur (avec une majuscule) du Livre (avec une autre majuscule) de la Rentrée (avec une autre… vous aurez compris). En ce mois début d’année, nous faisons ainsi la connaissance de E. O. Chirovici, un auteur d’origine roumaine qui publie avec Jeux de miroirs son premier roman en langue anglaise, que la terre entière, du moins le monde de l’édition, s’est arraché à coups de contrats à multiples zéros, et qui paraît en quasi-simultanéité dans beaucoup trop de pays pour… les énumérer en quatrième de couverture. Au suivant ? Et bien non, la halte s’impose. En effet, derrière la couverture aux multiples reflets, se cache une de ces histoires aux allures de marécage dans laquelle il fait si bon tomber, un piège qui paye son tribut aux poupées russes avec une rare intelligence. Peter Katz, agent littéraire de son état, reçoit un manuscrit appelé Jeux de miroirs, qui revient sur un ancien fait divers, le meurtre non élucidé d’un professeur, et semble avancer des éléments de réponse à cette mystérieuse affaire. Notre agent (et le lecteur) s’emballe au fur et à mesure (de la lecture) des pages. Et si ce texte était la promesse d’un futur best-seller ? Oui, mais… Car il y a un mais. Et pas des moindres. Le manuscrit est incomplet, la fameuse et nécessaire fin manque cruellement. Le chemin vers le sommet des ventes s’annonce plus tortueux que prévu. L’intrigue est parfaitement huilée, agence subtilement les chausse-trapes et se permet d’éviter les improbables coups de tonnerre inhérents à ce genre d’intrigue. Ajoutez à cela que, derrière le plaisir évident d’être la victime consentante de cette ténébreuse histoire, le lecteur s’offrira une troublante réflexion sur la notion de vérité. Alors vous aurez quelques clefs de réponse à l’emballement généré par E. O. Chirovici.

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