Littérature française

Ali Magoudi

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Chronique de Dominique Paschal

Pigiste ()

« Ma vie est un roman, je te la raconterai et tu l’écriras. » Ces mots sont ceux du père d’Ali Magoudi. Mais le père n’a jamais raconté, alors faute de matière, le fils pratique l’autopsie du silence paternel.

Abdelkader Magoudi, né en 1903 à Tiaret, village du Sud de l’Algérie, s’imaginait qu’un jour, son fils Ali écrirait son parcours. Il lui répétait : « Ma vie est un roman ». Contre toute attente, il est cependant resté mutique. À partir de rares documents, comme des photos cachées dans une boîte à chaussures, et quelques repères historiques, le fils, psychanalyste, entreprend des recherches sur ce temps effacé. Mais les témoins ont peu à peu disparu. Dès lors, utilisant le « penser classer » de Georges Perec, Ali fouille les archives de police, militaires, hospitalières afin de reconstituer le fil du passé paternel. De mains courantes en décisions administratives, il suit les pas de cet homme, son père, dont il découvre les mensonges, ou du moins les petits arrangements avec la vérité. Ainsi, son engagement au sein de la Résistance, qui ne fut en réalité qu’un contrat de travailleur STO. Ali Magoudi plonge dans l’histoire de la France coloniale, cette France où les natifs d’Algérie n’étaient que des Français de seconde zone mais bons pour le travail en Allemagne ! En Pologne où il a été envoyé, l’Algérien déraciné trouve une épouse avec laquelle il retourne à Paris. Ali Magoudi donne des couleurs au passé chaotique de ce père qui se rêvait aventurier.

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