Littérature française

Marie-Hélène Lafon

Les Pays

photo libraire

Chronique de Dominique Paschal

Pigiste ()

Comment se transformer en citadine en quelques années sans laisser au rancart le Cantal austère de son enfance ? Marie-Hélène Lafon crée des terriers secrets entre ville et champs.

Claire, l’héroïne, a entendu tout au long de son enfance son père prophétiser la fin de l’agriculture en France. Dans cette famille traditionnelle de paysans du Cantal, seul le fils a les qualités pour reprendre la ferme, les filles doivent migrer. Claire a donc quitté sa maison natale pour la capitale. Étudiante boursière, elle s’est consacrée entièrement à ses études littéraires classiques. Le retour au pays se faisait rare, Paris devenait son deuxième pays. Ainsi, elle ressentait ses origines, son enfance peuplée de lumières et d’odeurs, et sa vie professionnelle comme deux pays cohabitant en elle. Devenue enseignante, elle transmet cette langue et cette culture qu’elle porte haut. La force de Claire réside dans cette proximité avec ses racines et sa capacité à passer d’un monde à l’autre. Un autre pays émerge de ce texte, celui de l’écriture refuge. Le travail sur la langue magnifie l’univers intime de Claire. Cette hyper-mémoire de l’enfance, qui abonde en animaux et en « choses vertes », se perpétue dans les mots majeurs de l’auteure, répertoriés alphabétiquement dans Album, qui paraît simultanément. Un concentré de poésie magique et de douceur, où les arbres et les vaches apparaissent en héros littéraires.

Les autres chroniques du libraire