Littérature française

Marc Dugain

Tsunami

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photo libraire

Chronique de David Ferlay

Librairie Un monde à soi (Roanne)

Marc Dugain, après avoir dépeint avec talent des personnalités américaines (Kennedy, Hoover), entreprend de dévoiler dans Tsunami la vie d’équilibriste d’un chef d’État français, fictif mais très crédible.

Dans son nouveau roman, Marc Dugain élabore la chronique, racontée à la première personne, d’un président de la République Française. Rudement, ce dernier découvre la pression et toutes les complications inhérentes à l’exercice de la fonction suprême de la Ve République. Sur son agenda, les événements de la sphère publique à gérer au mieux mais aussi les éléments de sa vie privée qui doivent à tout prix le rester. L’homme politique devient alors funambule, cherchant l’équilibre entre éthique et compromis inéluctables, devenant parfois lui-même victime de ses propres choix et prises de décision. Le président imaginé par Marc Dugain est issu du milieu de l’entreprise. Sa réussite et son accession au pouvoir sont en grande partie liées aux GAFAM qui ont vu en lui un relais favorable à leurs ambitions. On peut trouver des similitudes entre la fiction et la réalité mais il s’agit bien d’un monde alternatif, se déroulant dans quelques mois, quelques années, qui aborde les enjeux cruciaux des décennies à venir (libertés individuelles, écologie, tensions internationales). Ce roman frappe surtout par l’extrême difficulté de la charge qui incombe à une personnalité publique qui doit endosser toutes les tragédies, anticiper et savoir gérer son affect face aux répercussions de ses actions sur sa vie personnelle, la marche du pays, celle du monde. La forme de la chronique intime laisse entrevoir l’extrême solitude d’un homme pourtant entouré d’une cohorte de conseillers et autres ministres, la force de caractère dont doivent faire preuve les « grands » de ce monde : savoir composer avec leur conscience dans un rôle qu’ils ont certes choisi mais dont le quotidien les éloigne inexorablement de leurs semblables, les amenant à vivre une existence finalement bien peu enviable.