Littérature étrangère
Jan Carson
Les Ravissements
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Jan Carson
Les Ravissements
Traduit de l’anglais (Irlande) par Dominique Goy-Blanquet
Sabine Wespieser éditeur
05/01/2023
436 pages, 24 €
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Chronique de
Quentin Franchi
Librairie La Comédie humaine (Avignon) - ❤ Lu et conseillé par 22 libraire(s)
✒ Quentin Franchi
(Librairie La Comédie humaine, Avignon)
Après Les Lanceurs de feu en 2021, son deuxième roman mais premier traduit en français, Jan Carson nous revient avec Les Ravissements, toujours chez Sabine Wespieser éditeur, pour notre plus grand bonheur !
Jan Carson est d’Irlande du Nord, elle est aussi protestante, c’est important de le souligner. Née en 1980, elle avait 18 ans lorsque les accords de paix ont été signés. Cela veut dire qu’elle s’est construite comme jeune Irlandaise dans un pays mis à feu et à sang par les violences religieuses. Comment peut-on devenir quelqu’un dans cet environnement ? Avec ce roman, l’auteure apporte une réponse à cette troublante question. Dans Les Ravissements, nous découvrons ainsi une petite bourgade d’Irlande du Nord aux débuts des années 1990. La jeune Hannah vit dans une famille très croyante, très pratiquante. Tellement qu’elle se trouve généralement à la marge, surtout à l’école. Suite à une énième sortie scolaire à laquelle elle n’a pas le droit de participer, les élèves de sa classe commencent à mourir, les uns après les autres, d’un mal inconnu. Sans que cela lui paraisse étrange, Hannah peut continuer à voir ses camarades, leurs fantômes du moins. Toute la communauté sera ébranlée par ces événements horribles et personne n’en ressortira indemne, qu’importe la croix qu’ils portent. Tout l’intérêt de cet ouvrage réside dans ce savant mélange entre réalisme sociétal, fresque sociale et rêverie fantastique. Avec toujours autant d’inventivité et de fantaisie, Jan Carson réussit à nous dévoiler les aspects les plus sombres de l’âme humaine mais de façon étonnamment lumineuse. Elle vient nous dire avec poésie et douceur que chaque acte est voué à être assumé ; que nous avons une nécessité de transmission mais une capacité à transmettre le bien comme le mal et que chaque fois que nos pieds se prennent dans le tapis, il faut se rappeler que nous ne sommes qu’humains. L’œuvre de Jan Carson est sans aucun doute le mariage magnifique entre héritage religieux et puissance et beauté de la littérature.