Élodie Bonnafoux

Librairie Arcanes, Châteauroux

J’ai repris en 2011 la librairie dont j’étais jusqu’alors cliente : Arcanes, à Châteauroux. Mais quelle bonne idée !!! Depuis qu’on s’est agrandis, je ne m’occupe plus que des rayons Littérature et Sciences humaines.

«Une librairie n’est pas qu’un commerce, c’est un lieu de passage, de rencontres, d’échanges et de découvertes :»

Arcanes n’est pas qu’une librairie.

Pour moi, ça a d’abord été un choix de vie : quitter un environnement professionnel confortable pour reprendre cette vieille institution qui me faisait de l’œil depuis des années. Réflexion, formation, saut dans l’inconnu. Un choix que je n’ai pas regretté une seule fois.

Une librairie n’est pas qu’un commerce, c’est un lieu de passage, de rencontres, d’échanges et de découvertes : Arcanes est donc devenu un véritable projet, écrit, porté, défendu et qui, un jeudi matin de 2011, a pris la forme d’un premier levé de rideau métallique (quand j’y pense, j’en ai encore des frissons) suivi depuis par au moins 2°000 autres !

Ce beau projet s’est transformé en une véritable aventure, d’abord personnelle donc, mais rapidement collective, parce que l’enthousiasme est communicatif et, qu’au fond, il n’a de sens que s’il est partagé. Au fil des années, l’équipe s’est étoffée, devenant un genre de « dream team » joyeuse et passionnée qui connaît ses clients presque un par un, discute, conseille, oriente et partage. Surtout partage. Des lectures, des fous rires, des pâtisseries et des tranches de vie.

En reprenant Arcanes il y a huit ans, si j’avais imaginé la littérature, la gestion, le conseil, je n’avais pas pris la mesure de la richesse d’une vie de libraire. Richesse intellectuelle à coup sûr, parce qu’il faut sans cesse sortir de sa zone de confort littéraire et s’ouvrir à des horizons nouveaux, être à l’affût de ce qui fait la culture et parfois tomber sur une œuvre qui vous laisse plusieurs semaines sans voix, chercher les mots quand même pour qu’elle puisse continuer sa route dans d’autres mains. Richesse humaine aussi : on n’imagine pas la profondeur des liens qui se créent dans la durée avec les clients et les auteurs (dont certains deviennent des amis), les instants de grâce traversés tous ensemble le soir quand, au gré d’un rendez-vous littéraire, chacun se sent suffisamment chez soi pour se mettre à parler vrai.

Il y a aussi tous ceux qui sont nos interlocuteurs quotidiens de l’ombre, les éditeurs et leur orpaillage littéraire, leurs représentants qui sont souvent de formidables lecteurs, les comédiens qui déroulent des trésors d’imagination quand il s’agit de faire vivre un texte, les confrères qui ont depuis longtemps appris à se serrer les coudes, les bibliothécaires des villes et des villages... tout un petit monde en somme, comme un système solaire éclairé par les mots dans lequel Arcanes gravite avec un plaisir renouvelé chaque matin, au son d’un rideau métallique.

Ses coups de coeur