Littérature française
Aurélie Filippetti
Les Idéaux
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Aurélie Filippetti
Les Idéaux
Fayard
21/11/2024
0 €
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Chronique de
Murielle Gobert
Librairie Passerelles (Vienne) -
❤ Lu et conseillé par
4 libraire(s)
- Jean-Luc Aubarbier
- Jean Tanguy de Le Pain des rêves (Saint-Brieuc)
- Murielle Gobert de Passerelles (Vienne)
- Maryline Noël de Le Comptoir (Santiago)
✒ Murielle Gobert
(Librairie Passerelles, Vienne)
Avec Les Idéaux, Aurélie Filippetti réussit le pari difficile de nous parler de la puissance de l’engagement et de la brutalité du pouvoir, et tisse dans l’ombre et le secret d’une « liaison dangereuse », un roman subtil et fiévreux sur le désir.
Elle et lui n’ont pas de noms dans ce roman et ne peuvent en avoir, car mettre des mots et des repères sur leur histoire serait fatal pour eux, en réalité pour elle surtout, puisqu’elle est une femme. Une femme politique, héritière des générations qui ont traversé la neige des frontières pour rejoindre la France, et qui garde pour le drapeau tricolore tout ce qu’il incarnait alors d’espoir et de conquête mais aussi de blessures. Elle en est restée à jamais cet être sensible aux symboles de la République et de l’égalité. Mais aussi à cette rage initiale du combat qui la fait brûler du feu intérieur de l’engagement. Lui est de droite, sans aucune ambiguïté, de ceux qui défendent les idées et les valeurs conservatrices ; elle porte sur lui le regard de ceux qui « n’ont pas » sur ceux qui « sont ». Pourtant un lien existe entre eux, qui est celui de l’amour profond de la démocratie au-delà des convictions, à la marge des jeux du pouvoir et du cynisme. Sans doute aussi celui, plus diffus, qui apparaît en filigrane des joutes verbales entre les deux amants, de la croyance intime d’une certaine réconciliation pour la France, et qui de façon déraisonnable mais irrésistible, coïnciderait avec leur union, comme le rapprochement de deux êtres parlant tous deux une langue étrangère dont la chanson incompréhensible les apaiserait. Aurélie Fillipetti ne cesse d’alterner, à la recherche d’un sens qu’elle-même ne peut trouver, entre le huis clos feutré de la passion et le fracas de l’arène politique, dans des mots surgis de la pénombre de l’intimité, à peine osés, qui tremblent d’une urgence à s’aimer sans promesse et sans avenir possible, et qui se mêlent aux voix surgies de Jaurès, Mirabeau… voix tonitruantes de notre démocratie qui nous plongent dans l’essentiel de notre Histoire. Elle jette, grâce à cette histoire brûlante qui fait flamber les idéaux sans les fusionner, une nouvelle lumière sur le monde politique, à la fois glaçante et éblouissante.