Polar

Patricia Melo

Le Voleur de cadavres

photo libraire

Chronique de Emilie Pautus

Librairie La Manœuvre (Paris)

Après Enfer, roman percutant sur les favelas, PatrÍcia Melo revient avec un polar satirique qui déterre les cadavres d’un Brésil gangrené par la misère et la corruption.

Un homme vit une nouvelle existence dans la ville de Puerto Suarez, parmi des Indiens désœuvrés et bruyants, et partage la couche de Sulamita, jeune flic caractérielle responsable de la morgue. Jusqu’à ce qu’un avion privé s’écrase sous ses yeux. Le pilote, fils d’une famille fortunée de la ville, meurt dans ses bras. Il n’a sur lui qu’une montre de valeur, un portefeuille et un sac bourré de cocaïne. Notre homme n’hésitera pas longtemps avant de faire sien les objets du mort ; un cadavre, ça n’a plus besoin de rien. Mais, même les plus petits actes ont leurs conséquences. Trafic de drogue, chantage et vol de cadavre… la spirale dans laquelle est entraîné le personnage devient vite infernale. Le Voleur de cadavres fait écho à une nouvelle de Stevenson évoquant les vols de cadavres effectués par des médecins pour faire avancer la recherche médicale. À l’instar de Stevenson, tout part d’un bon sentiment chez Patrícia Melo. Quand la cause est noble, les conséquences ont-elles les mêmes effets ? Ce roman, qui pourrait s’apparenter à un simple conte macabre, prend toute son ampleur dans la réalité brésilienne, où la corruption de la police et les clivages sociaux rendent la notion de bien et de mal incertaine.

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