Essais
Bernard Maris
Et si on aimait la France
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Bernard Maris
Et si on aimait la France
Grasset
22/04/2015
144 pages, 15 €
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Chronique de
Rodolphe Gillard
Librairie des Halles (Niort) -
❤ Lu et conseillé par
6 libraire(s)
- Cyril Canon
- Nathalie Iris de Mots en marge (La Garenne-Colombes)
- Serge Blanchard de Papyrus (La Ferté-Bernard)
- Marie-Hélène Gosselin de Entre parenthèses (Douvaine)
- Rodolphe Gillard de des Halles (Niort)
- Alexis Destombes de Histoire de lire (Gréoux-les-Bains)
✒ Rodolphe Gillard
(Librairie des Halles, Niort)
Daté du 2 janvier dernier, l’essai posthume du regretté Bernard Maris est une lettre d’amour à la douce France dans laquelle il enjoint ses lecteurs à… retrouver le sourire.
C’est une ode à la France, au Paris de la beauté et du surréalisme, au Paris du Modiano écrivant Dans le café de la jeunesse perdue… Un Paris sur lequel souffle un léger vent d’anarchisme, de « Mort aux cons », même quand il s’agit de confesser, à l’heure des bilans droite-gauche, son faible pour la prose des auteurs de droite. On y lit ces lignes, terribles : « Mais l’exécution n’est-elle pas promise ? La fin ? Je me sens comme Ulysse de retour dans son pays occupé par les prétendants. » Et cette lettre bouleversante, empruntée à Camus et adressée à son instituteur, Monsieur Vergniaud, maître sévère, à qui « il doit » : « Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j’étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. » Éloge de la langue française, éloge du bon mot, mourir pour un bon mot… tel est l’esprit français, celui dans lequel se reconnaissait Oncle Bernard, comme le surnommaient affectueusement ses camarades de Charlie Hebdo. L’esprit français, c’est aussi celui de la civilité, qui commande aux hommes de contrôler leurs pulsions : « la galanterie est sublimation d’une pulsion ». Toute référence à des événements réels est purement fortuite… La barbarie de la guerre, celle de 1914 ou celle d’Algérie, traverse ce livre. De retour de la guerre d’Algérie, son maître Vergniaud écrit la morale du jour. « Puisque la vie est le premier des biens, l’homicide est le plus grand des crimes ». L’équilibre, synonyme d’« éternité d’un pays », il le trouve au mitan du xviiie siècle, siècle des Lumières, de la galanterie, mais aussi du coïtus interruptus, lorsque les Français arrêtent de procréer, non seulement pour s’adonner au plaisir, mais parce que c’est le point d’apaisement, d’équilibre. Où trouver l’apaisement maintenant, that is the question, dirait cet amoureux de la langue française.