Braves gens du purgatoire

D’un siècle à l’autre les hommes ne changent pas. C’est le constat que semble faire Pierre Pelot en dénouant les fils d’une enquête qui nous emmène à travers le temps, mêlant secrets de famille inavouables et misère sociale. Tout commence de nos jours par un meurtre suivi d’un suicide. Maxime Bansher a tué sa compagne au fusil de chasse et s’est pendu immédiatement après, rongé par le remords. Un fait divers de plus ? Cela paraît simple et logique, mais Lorena, la petite-fille de Maxime, n’y croit pas, privilégiant la thèse du meurtre. Pour trouver la solution, il faut se plonger dans les méandres de l’histoire familiale, quitte à réveiller de vieux démons. Au-delà de l’enquête, Pelot raconte l’histoire d’une vallée et des hommes qui y sont intimement liés. C’est l’histoire d’une usine de tissage, d’une scierie, d’une prospérité disparue, mais aussi d’une époque de collaboration et de résistance, d’amours passionnées et douloureuses, de rancœurs et de vengeances. Depuis plus d’un siècle, les familles se succèdent à Purgatoire, taiseuses, gardant précieusement la mémoire du lieu, afin de protéger un passé douloureux. La galerie de personnages entourant l’enquête est dépeinte avec justesse, sans jugement et avec une grande sensibilité. Nous suivons avec bonheur et compassion ces personnes à qui la vie n’a pas fait de cadeaux, vivant dans une nature magnifiquement décrite, mais au climat rude. Sans nous en rendre compte, nous tournons les pages fiévreusement pour connaître l’histoire de Purgatoire, en nous arrêtant de temps à autre afin d’apprécier certains passages tout simplement sublimes. Pelot nous envoûte dès la première page par son écriture poétique, puissante et riche en détails et nous prend au piège avec ce récit poignant au souffle incroyable. Un grand roman !