PAGE : Éric Laignel, comment s’est faite la rencontre avec William Ledeuil ? Et surtout, comment un photographe spécialisé en architecture et design se retrouve-t-il à faire des photographies culinaires autour d’un livre de William Ledeuil ?
Éric Laignel : La rencontre s’est faite il y a plusieurs années maintenant. William cherchait quelqu’un pour photographier son nouveau restaurant, Ze Kitchen Galerie. C’était en plein mois d’août et nous nous sommes donné rendez-vous dès la rentrée. La rencontre a été une révélation. En voyant le travail de William, j’ai noté l’aspect design de ses compositions dans les assiettes. C’est cet aspect qui m’a intéressé. Tous les photographes vous parleront de l’architecture d’un plat. Chez William, il s’agit de design pur. Quasi industriel. Forme, matériaux et couleurs. Tout y est.
P. : Comment se sont déroulées les prises de vues ? Était-ce un travail commun ? Ou étiez-vous totalement livré à vous-même ?
É. L. : J’avais l’impression d’être dans Mission impossible. Chacun avec son rôle et chacun livré à lui-même. William à la composition des assiettes, moi, deux tables plus loin, à la photo. J’ai rarement vu une telle coordination sans qu’elle soit formulée. Juste une parfaite osmose. Et n’oublions pas la participation indispensable de Denis en cuisine. Oui, un peu comme Barracuda dans Mission impossible [sic].
P. : Concernant les photographies des agrumes et des épices au début du livre, spécialement réussies, comment vous venait l’idée des mises en scène ? Les goûts, odeurs et autres sensations ont-ils influencé votre inspiration ?
É. L. : Encore une fois, c’était totalement intuitif. Certaines des images ont été réalisées directement dans les rayons du magasin Tang Frères, Porte d’Italie. Seul le design me guidait. Seul le goût le guidait. Brut.
P. : Pour définir la cuisine de William Ledeuil, qu’est-ce qui vous viendrait à l’esprit ?
É. L. : Design pur. Pour les yeux, la bouche et la tête.
P. : Et quelle recette préférez-vous dans le livre ?
É. L. : Dans le livre, je les aime toutes. Dans la bouche, j’ai un faible pour ses bouillons qui sont au menu tout au long de l’année.