Chronique Un travail à finir de Éric Todenne

- Éric Todenne
- Coll. «Chemins nocturnes»
- Viviane Hamy
- 08/03/2018
- 286 p., 19 €
10 libraire(s)
- Laurence Behocaray de IUT Carrières Sociales - Site Jean Luthier - Université de Tours (Tours Cedex)
- Marie Michaud de Gibert Joseph (Poitiers)
- Nadia Sendin de Biblio.gironde (St Medard en Jalles)
- Bénédicte Cabane de des Danaïdes (Aix-les-Bains)
- Françoise Dupuis-Marsal de Le Neuf (Saint-Dié-des-Vosges)
- Christophe Gilquin de L'Atelier (Paris)
- Sébastien Lavy de Page et Plume (Limoges)
- Marina Sauvage de Quai des mots (Épinal)
- Jean-Pierre Barrel de Un petit noir / Librairie-Café-Polar (Lyon)
- Joachim Floren de Le Matoulu (Melle)
Joachim Floren (des Halles - 79000 Niort)
Un excellent premier roman mettant en scène un inspecteur taciturne au bord de l’alcoolisme, mis à pied pour ses méthodes jugées parfois trop expéditives. Il va malgré lui se lancer dans une enquête qui va le plonger dans la guerre d’Algérie et ouvrir des plaies qui n’ont pas été cicatrisées.
Philippe Andreani n’est pas trop en phase avec son époque. Archétype du flic à l’ancienne, les nouvelles technologies et les lenteurs administratives ont tendance à l’agacer. Faisant confiance à son instinct, il a réglé un problème de manière un peu trop virulente en utilisant son arme en pleine rue, ce qui lui a valu une mise à pied. Depuis, il végète seul chez lui mélangeant cognac, idées noires et jazz. La seule personne qu’il tolère chez lui est sa fille qui fait son service civique dans une maison de retraite. Dès son premier jour, un pensionnaire de 82 ans se prend un coin de table et meurt sur le cou. Ces choses-là peuvent arriver mais des détails attirent son attention. Cet homme n’a pas de sécurité sociale, son séjour est payé tous les mois par on ne sait qui et le tatouage « SO. 3-02.AB+ » est gravé à la base de son coup. C’est un ancien légionnaire très actif pendant la guerre d’Algérie, proche d’une richissime famille de la région très influente. Quelques jours après, un deuxième pensionnaire meurt. Il était proche du FLN. Andreani se retrouve alors à enquêter non officiellement en remuant un passé nauséabond et tombe sur un groupuscule appelé Suprématie de l’Occident. En approfondissant, il se heurte à l’armée qui classe l’affaire en « secret défense ». Il ne lui en faut pas plus pour s’acharner et trouver des réponses, quitte à découvrir des horreurs et des ordures impunies. Heureusement, il peut s’appuyer sur Couturier, son coéquipier hyperactif, et Pierre Timonier, un ancien légionnaire philosophe truffant ses conversations de citations latines. Éric Todenne, qui est en fait un pseudonyme regroupant deux auteurs, nous replonge brillamment dans un passé violent autour de personnages bien approfondis dans un style efficace, créant une atmosphère bien particulière à ce roman.