Littérature française

J.M.G. Le Clézio

Tempête

photo libraire

Chronique de Brice Vauthier

Librairie L'Étagère (Saint-Malo (Paramé))

Entre la nouvelle et le roman, la novella. À l’instar d’Hemingway ou de Conrad, Le Clézio s’aventure sur ce terrain avec un brio et une justesse qui ne peuvent vous laisser indifférent(e).

La première histoire, qui donne son titre au livre, nous emporte dans les flots de la mer de Corée où des femmes plongent afin de ramasser des ormeaux. C’est un métier épuisant et souvent fatal. Pour Le Clézio, l’océan symbolise à la fois le liquide amniotique des mères et l’eau tueuse qui garde les jeunes pêcheuses dans ses profondeurs. Au cours d’une tempête, une jeune adolescente tente de redonner le goût de vivre à un vieil homme (référence au Vieil homme et la mer d’Hemingway ?), rongé de remords depuis qu’il a renoncé à dénoncer le coupable d’un viol auquel il a assisté impuissant. Le second récit commence loin de la mer. Il y est pourtant également question de tempête… En banlieue parisienne, une jeune femme tente de survivre à la rudesse du quotidien et à la solitude. Elle a dû fuir son Afrique natale après que sa famille l’a abandonnée. Cette déracinée se retrouve ballotée, comme on peut l’être par la mer, et tentera avec sa demi-sœur de ne pas sombrer. Le style de Le Clézio se fait alors différent, plus sec et corrosif, comme pour nous faire ressentir la minéralité et la poussière du bitume. Cette variation d’écriture confère une saveur supplémentaire aux deux novellas, qu’il faut lire et faire lire.

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