Littérature française

Pierre Assouline

Retour à Séfarad

illustration

Chronique de Marie Hirigoyen

Librairie Hirigoyen (Bayonne)

Les picaresques aventures de Pierre Assouline en quête de sa part d’identité espagnole. Quand une joyeuse érudition le dispute à une émotion contenue. Le tout traversé d’une élégante et délicieuse ironie !

Cinq cents ans après, l’appel de la Grande Histoire a sonné : « Vous nous avez manqué » ! Felipe VI, roi d’Espagne, fait une annonce fracassante en novembre 2015 : pour réparer une « erreur historique », une loi a été votée aux Cortes qui propose la nationalité espagnole aux descendants des Juifs séfarades expulsés par Isabelle la Catholique en 1492. Une année charnière qui marque la fin de la Reconquista sur les Musulmans, la découverte du Nouveau Monde et donc l’entrée dans le Siècle d’or, apogée de la puissance économique et culturelle espagnole. Les ancêtres de Pierre Assouline ont dû alors fuir vers l’Afrique du Nord, comme d’autres vers Constantinople, ou le Nord de l’Europe. Sur les traces de Don Quichotte, « marrane improbable et séfarade approximatif », il va s’attaquer aux moulins à vent de l’administration de son futur pays et arpenter les couloirs de son Histoire, fureter sur les routes de la diaspora, dénicher les traces archéologiques, onomastiques, toponymiques d’une culture juive millénaire dans les recoins les plus étonnants des villes et des villages, pester contre « la tyrannie culinaire » du « jamon, jamon », rencontrer intellectuels, poètes mais aussi ceux qui lisent le journal au soleil sur une plaza Mayor. Au fil de ses déambulations, il convoque les grandes figures de la littérature, Unamuno, Bergamin, Cervantès bien sûr, celles de la Movida, les adeptes récents du philoséfaradisme et les « Séfarades anonymes ». Il jette même l’idée d’une hypothétique « sefpride » ! C’est Javier Cercas qui l’inspire pour la forme que prend ce « cocido littéraire », pot-au feu où mitonnent ensemble enquête historique, confidences existentielles, mémoire familiale, truculentes anecdotes et surtout fine réflexion sur l’identité forcément plurielle, variable et cosmopolite par essence.

Les autres chroniques du libraire