Essais

Dalia Grinkeviciute

Prisonnière de l'île glacée de Trofimovsk

photo libraire

Chronique de Florence Reyre

Librairie Du côté de chez Gibert (Paris)

Ce témoignage rare de la déportation des Baltes par Staline impressionne par la force du récit de Dalia GrinkeviČiŨté. Écrit dans l’urgence, il obsède par sa vitalité.

En 1941, après l’invasion des pays baltes, Staline fit déporter près de 170 000 personnes. Dalia, âgée de 14 ans, sa mère et son frère en firent partie. Ils furent envoyés dans le delta de la Léna, au-delà du cercle polaire, sur l’île gelée de Trofimovsk. Sans vêtements adaptés, peu de nourriture, des cahutes construites avec du bois flotté sans possibilités de se chauffer, contraints de travailler par tous les temps, les déportés furent décimés. Avec une opiniâtreté inconcevable, une énergie impressionnante, Dalia va survivre et sauver sa mère. Elles parviendront à s’évader en 1949. Le premier texte a été écrit à ce moment-là, vibrant de colère et d’énergie. Les événements sont décousus, les personnes décrites d’un trait de caractère, il n’y a pas de place, dans l’urgence du témoignage, pour le recul ou l’analyse. Les faits sont bruts et violents. Le retour en Lituanie a été aussi compliqué qu’on peut l’imaginer et ce récit a été perdu et retrouvé quarante ans plus tard. Dans les années 1970, Dalia s’est appliquée à en rédiger un autre, plus construit. C’est un témoignage historique aussi précis que possible mais sans le feu qui anime le premier et qui le rend unique et fascinant.

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