Littérature étrangère

Tanizaki Jun’ichirô

Noir sur blanc

photo libraire

Chronique de Christophe Gilquin

Librairie L'Atelier (Paris)

Dans cet inédit, l’immense Tanizaki Jun’ichirô joue sur la frontière entre réalité et fiction, et signe un roman noir tout à la fois inquiétant et jubilatoire.

Ce matin-là, Mizuno n’a pas la conscience tranquille. L’écrivain du genre « décadent diabolique » vient de se rendre compte d’un fâcheux lapsus dans son dernier manuscrit. N’a-t’il pas écrit « Kojima » au lieu de « Kodama » à plusieurs reprises ? Car à trop s’inspirer d’une de ses connaissances pour son personnage, Mizuno a fini par les confondre. Une erreur de nom, rien de bien grave a priori, et le lecteur n’y prêterait que peu d’attention. Mais pour Mizuno, l’affaire demeure au centre de ses préoccupations. Il faut dire que dans son roman, Kodama est victime d’un meurtre gratuit, perpétré par un écrivain qui lui ressemble étrangement. S’il arrivait donc malheur à son modèle, ne serait-il pas un suspect tout désigné ? À partir de cette situation pour le moins cocasse, Tanizaki Jun’ichirô prend un malin plaisir à torturer son homologue. Aussi, l’écrivain flemmard, égoïste et à tendance paranoïaque qu’est Mizuno s’ingénie à tenter de se dépêtrer du piège dans lequel il s’est lui-même fourré, alors qu’au même moment, il entame une relation secrète avec une intrigante. Le voilà donc entraîné dans un drôle d’engrenage dont l’issue finale lui réserve bien des surprises.

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