Littérature française

Nicolas d’Estienne d’Orves

Marthe ou les beaux mensonges

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photo libraire

Chronique de Béatrice Putégnat

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Prostituée, espionne, résistante, collabo, aviatrice, politicienne : Marthe Richard a vécu plusieurs vies ! La « veuve qui clôt » a construit sa légende au-delà du vrai et du faux !

Un récit, une biographie romancée, une confession puisque le texte est à la première personne du singulier ? Marthe ou les beaux mensonges est un peu tout cela ! Au-delà de la stricte vérité biographique, Nicolas d’Estienne d’Orves prête sa plume à Marthe Richard qui se confie. Une confession construite à coup de mensonges, d’oublis, de souvenirs plus ou moins enjolivés. Marthe Betenfeld, issue d’une famille modeste, fait ses premières armes dans les bordels à soldats de Nancy. Montée à Paris, elle acquiert respectabilité et richesse en épousant Henri Richer. Elle devient aviatrice. Espionne pendant la Première Guerre mondiale, sous les ordres du capitaine Ladoux, elle séduit un attaché naval allemand Hans Von Khron. Mais Ladoux est accusé d’espionnage pour l’Allemagne et arrêté. Réhabilité en 1930, il consacre un volume de ses Mémoires à Marthe Richard. La légende sulfureuse de « la veuve joyeuse » qui mène une existence luxueuse après le décès de son deuxième mari, Thomas Crompton, se construit. Marthe Robert publie son propre livre de mémoires, rapidement adapté au cinéma. Manœuvrant dans les allées du pouvoir, elle obtient la Légion d’honneur en 1933. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle intègre les FFI tout en étant proche de certains membres de la Gestapo. À la Libération, elle est élue conseillère municipale à Paris sur la liste de la Résistance Unifiée et fait voter la loi sur la fermeture des maisons closes en 1946. Quelques années plus tard, son rôle dans la résistance est sujet à caution et un supposé vol de bijoux met à mal sa réputation. Sa vie est un roman. Elle raconte sa vie excitante et hors normes avec la pétulance pétillante d’une coupe de champagne et la dureté d’une femme née dans le ruisseau. Alors mensonge ou vérité ? Un peu des deux mon capitaine !

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