Littérature étrangère

Mia Couto

Le Cartographe des absences

  • Mia Couto
    Traduit du portugais (Mozambique) par Elisabeth Monteiro Rodrigues
    Métailié
    02/09/2022
    349 p., 22.80 €
  • Chronique de Sarah Gastel
    Librairie Terre des livres (Lyon)
  • Lu & conseillé par
    11 libraire(s)
illustration

Chronique de Sarah Gastel

Librairie Terre des livres (Lyon)

L’écrivain Mia Couto conte l’histoire d’un père et d’un fils confrontés aux tourbillons de l’Histoire coloniale et pour qui la lutte s'organise dans l'écriture. Une fiction splendide et virtuose.

Avant qu’un cyclone dévastateur ne balaye les côtes mozambicaines, Diogo Santiago, poète et professeur de littérature renommé retourne dans sa ville natale de Beira à l’invitation d’une université pour un hommage public. La maîtresse de cérémonie, Liana Campos, petite-fille d’un inspecteur de la PIDE, police secrète portugaise, lui remet de précieux documents ayant trait à son passé et à celui de son père, grand poète communiste engagé dans la lutte contre la colonisation portugaise, qui réunissait chez lui un groupe d’intellectuels surnommé par le régime « les taupes blanches ». Pour cet homme vieillissant, cet « inventeur d’oublis », ce retour au pays natal se transforme en quête des origines. Arpentant des territoires maintes fois parcourus adolescent, il plonge dans les sombres abîmes de l’Histoire. Diogo revit les dernières années du régime colonial à la veille de la guerre d’indépendance, les atrocités de la dictature portugaise, le racisme et les traîtrises, les amours interdits entre blancs et noirs. Il rencontre des fantômes, vestiges de son histoire familiale : Benedito, le jeune serviteur devenu dirigeant du FRELIMO au pouvoir, Oscar Campos, ex-inspecteur du régime salazariste, la mystérieuse Maniara, sorcière et photographe ou encore Rosinda, l’ancienne voisine, informatrice pour la police. Suspendus au bord de ce gouffre qu’est le passé, ces hommes et ces femmes portés par l’espoir ou l’insoumission sont tenus à bout de bras par les fondations d’une langue merveilleuse et hors du commun, où la poésie des symboles et des songes adoucit jusqu'aux jours les plus sombres. Mia Couto, prétendant au Nobel de littérature, exhume une nouvelle page du passé de son pays dans un roman d’inspiration autobiographique, aux allures de conte et de roman noir. Un nouveau chef-d'œuvre.

Les autres chroniques du libraire