Littérature étrangère

Gudmundur Andri Thorsson

La Valse de Valeyri

photo libraire

Chronique de Pauline Girardin

Librairie Mots & Cie (Carcassonne)

Seize vies prises à la même heure, celle du crépuscule d’un soir d’été. La langue poétique de Thorsson subsiste au creux de l’oreille, tel un vieil air de valse oublié.

Ce soir, c’est la Saint-Jean. Pour la fêter, la petite communauté de pêcheurs de Valeyri se prépare à assister au concert de la chorale dirigée par Kata. Le jour tombe, il fait encore chaud et la brume monte insidieusement de la mer, comme la rêverie de chacun des seize personnages. À cause d’une robe blanche à pois bleus, Kata repense à son amour enfui, tandis qu’elle se dirige vers la salle des fêtes à vélo. Le pasteur Svenni se découvre incapable de quitter la partie de poker en ligne qui l’a tenu éveillé toute la nuit. Il ouvre donc une autre bière et se fait porter pâle pour éviter le concert. Quant au vieux Lalli le Macareux, il oublie presque tout désormais, sauf la double perte due à sa lâcheté. Une même heure vue sous seize angles différents. La langue délicate de Thorsson cisèle seize des mesures de la valse mélancolique de la vie humaine, sa densité, sa vacuité, sa fulgurance, son ordinaire. Apprécier la banalité d’une conversation amicale, humer l’odeur d’une soupe à la tomate, entrevoir le ravinement laissé par le temps dans nos âmes, autant de facettes de l’humanité, évoquées, instillées, à l’écoute de ces « histoires enchevêtrées » qui sont les nôtres.

illustration