Littérature étrangère

Kiran Millwood Hargrave

La Danse des damnées

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Chronique de Valérie Rochette

Librairie Un monde à soi (Roanne)

En 1518, lors d’une canicule à Strasbourg, une femme se met à danser, bientôt suivie par des dizaines d’autres. Inspiré de faits réels, ce roman nous plonge dans une époque de superstitions.

Le jour de sa naissance, une météorite a ravagé les cultures et Lisbet sait que, depuis, une malédiction pèse sur elle : combien de souffrances devra-t-elle offrir au Ciel pour y mettre fin? Elle est mariée depuis plusieurs années à Henne et si son ventre s'arrondit régulièrement, aucun bébé ne survit. Aussi, quand une nouvelle grossesse s’annonce, elle n'ose plus croire en une heureuse issue. Elle trouve du réconfort auprès de son rucher dont la cire et le miel tiennent la misère à distance. Auprès d’Ida également, son amie et voisine depuis qu’elle est arrivée à la ferme de Henne et de sa mère Sophey. Loin d’être une alliée, Sophey critique continuellement sa belle-fille et son humeur ne va guère s’améliorer. Car cet été-là est aussi celui du retour de la sœur de Henne, Agnethe : elle a passé sept années en pénitence dans une abbaye pour un péché tenu secret par son entourage. D’autre part, le désespoir semble rendre folles les femmes qui, spontanément, se regroupent et se mettent à danser sans repos. Le Conseil des XXI, une assemblée diligentée par l’Église pour faire régner l'ordre dans la ville, est bouleversé par cette épidémie incompréhensible : la contagion se répand et les esprits s’échauffent. Quand Henne s’absente, les événements se précipitent et les femmes vont devoir faire front ensemble tandis que les danseuses sont encouragées à épuiser leurs dernières forces. Le Conseil embauche des musiciens chargés d’entretenir, jour et nuit, une ambiance de bal de fin du monde. L'autrice des Graciées (Robert Laffont et Pocket) met tout son talent de conteuse dans cette chronique historique : elle nous parle des peurs ancestrales d’un Moyen Âge aux croyances païennes que le christianisme et les hommes veulent soumettre, asservissant le corps des femmes pour tenter d’étouffer leur puissance.