Polar

Jérôme Loubry

De soleil et de sang

illustration

Chronique de Anne-Sophie Poinsu

Librairie Le Failler (Rennes)

Après nous avoir régalés dans Les Refuges d’un roman se déroulant sur une petite île imaginaire en Normandie, Jérôme Loubry signe là son quatrième roman et poursuit admirablement bien sa route dans le monde du polar français, se réinventant à chacune de ses parutions.

Avec De soleil et de sang, Jérôme Loubry nous emmène au cœur d’une intrigue policière, une fois encore bien ficelée, se déroulant à Port-au-Prince. Dans les plus beaux quartiers de la ville, derrière de grandes façades, des crimes assez atroces sont commis visant des couples bourgeois. La mise en scène calculée établit un lien indubitable avec les rites vaudous. Mais pour l’inspecteur en charge de l’affaire, Simon Bélage, ce n’est qu’une façon pour l’assassin de cacher le véritable mobile. L’enquêteur est hermétique à cet aspect traditionaliste de son île. Et malgré les recommandations de ses collègues l’incitant à ne rien négliger, il s’entête dans cette voie. Bien loin de là, en France, lors d’un vernissage parisien, Vincent rencontre Méline et tombe vite sous son charme. Ils se revoient sans tarder et Vincent nous raconte leur histoire d’amour naissante et les ombres qu’il entrevoit peu à peu dans sa belle-famille. Opérant de subtils allers-retours entre deux tableaux bien distincts, Jérôme Loubry effectue également un léger retour en arrière dans les années 1980 au cœur d’une étrange institution surnommée « La veuve joyeuse ». Cette demeure impérieuse accueille beaucoup d’enfants mais quelle vérité abrite ces murs ? L’articulation des différents nœuds de l’histoire est parfaite et s’achève au moment du terrible séisme en 2010. Bien documenté, pointant de terribles machinations et un négoce inimaginable, Jérôme Loubry signe un polar poignant à plus d’un titre. Ancré dans la culture et les rites haïtiens, émaillé de références littéraires, ce roman est tout à fait dépaysant et des plus savoureux.