Littérature étrangère

Paul Auster

Chronique d’hiver

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photo libraire

Chronique de Aurélie Paschal

Pigiste ()

On attend toujours avec impatience le nouveau roman de Paul Auster ! Et avec Chronique d’hiver, c’est Paul Auster lui-même qui vient à notre rencontre. L’auteur fait une pause sur sa vie et regarde en arrière. Découvrir le véritable Paul Auster, quel bonheur !

Le livre s’ouvre sur ce qu’on pourrait appeler le journal d’un corps. Paul Auster regarde son corps vieillir. Un corps qui a séduit plus d’une femme, mais séduirait-il encore ? Sur ce corps, le temps est passé, le temps l’a marqué. Paul Auster prend du recul sur celui-ci et revient par bribes sur sa vie passée. Le livre n’est pas linéaire, les périodes se mélangent, se chevauchent, d’autres sont absentes. Seuls les événements qui ont de l’importance pour sa construction sont mentionnés. Il ne s’agit pas d’une autobiographie en bonne et due forme mais de fragments de vie qui, mis bout à bout, permettent à l’auteur de se dévoiler. Il nous raconte son enfance. On y découvre un petit garçon heureux et fan de base-ball, aimant s’amuser avec ses copains. Dans ce livre, Paul Auster l’écrivain se met également à nu. Il dépeint les périodes de doute où il pensait ne plus pouvoir écrire, où l’inspiration ne venait pas. Il relate ses blessures, celles liées à la mort de son père – dont il parlait dans L’Invention de la solitude –, il parle du décès de sa mère. Il dit aussi ses joies, comme le jour où il rencontre celle qui deviendra sa femme, la romancière Siri Hustvedt, ou encore la naissance de ses enfants. Mais aussi ses plus grandes peurs, comme cet accident – dont il était responsable – qui a failli coûter la vie à sa femme et sa fille ; on comprend qu’à partir de ce jour, il n’a plus jamais conduit. Paul Auster montre ses faiblesses, il est honnête avec lui-même, il fait craquer son propre vernis. Le livre est écrit à la deuxième personne du singulier, exercice périlleux relevé avec brio. Il se positionne en dehors de sa vie, il prend de la hauteur pour mieux analyser son existence passée. Nous découvrons un Paul Auster authentique. Et on adore !

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