Littérature française

Tobie Nathan

Ce pays qui te ressemble

illustration

Chronique de Isabelle Aurousseau-Couriol

Librairie de Paris (Saint-Étienne)

Avec son nouveau roman, Ce pays qui te ressemble, Tobie Nathan nous emmène en égypte, celle dont il a la nostalgie, celle qu’il a quittée enfant, celle d’avant 1956.

Le personnage central de cette histoire s’appelle Zohar. C’est un jeune homme, né en 1925 dans le quartier juif du Caire, d’un père aveugle, comptable pour les marchands du souk, et d’une mère folle, qu’on dit possédée par le démon. Sa naissance est entourée de mystères. Sa mère a demandé conseil aux femmes arabes pour l’aider dans la conception d’un enfant trop longtemps désiré. Tout un petit peuple compose ce roman, artisans, mendiants, commères à la langue bien pendue, mais aussi une bourgeoisie nantie proche du pouvoir, proche du dernier « pharaon », le roi Farouk, despote, homme à femmes aimé de ses sujets. La sœur de lait de Zohar s’appelle Masreya. Elle est égyptienne, musulmane, chanteuse, danseuse, amoureuse de la vie. Elle ensorcelle aussi le cœur de ce frère. Zohar est intelligent, débrouillard et il saura faire fortune grâce à l’aide de Masreya et de ses amis. Il observe ce monde en pleine mutation : les Anglais présents depuis trop longtemps, la volonté d’indépendance du pays, l’arrivée de Nasser, l’islamisation et l’émergence des Frères musulmans, puis le départ des Juifs d’Égypte. Le couple formé par Zohar et Masreya, issus de populations qui ont vécu ensemble pendant des millénaires, devient représentatif d’un monde en voie de disparition, celui d’une Égypte haute en couleur, où communautés culturelles et religieuses s’entrecroisent, où les rites et traditions faisaient partie du quotidien. Avec ce livre, Tobie Nathan raconte l’histoire d’un demi-siècle où tout bascule, de la vie heureuse à l’exil. Cette saga est une parfaite synthèse du roman juif, avec ses rires et ses larmes, et du conte oriental avec sa magie, ses musiques, ses couleurs.

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