Littérature française
Yanick Lahens
L’Oiseau Parker dans la nuit
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Yanick Lahens
L’Oiseau Parker dans la nuit
Sabine Wespieser éditeur
07/03/2019
300 pages, 22 €
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Chronique de
Romain Cabane
Librairie des Danaïdes (Aix-les-Bains) -
❤ Lu et conseillé par
4 libraire(s)
- Béatrice Leroux de Les Traversées (Paris)
- Valérie Barbe de Au brouillon de culture (Caen)
- Sarah Gastel de Adrienne (Lyon)
- Lydie Baillie de Aux lettres de mon moulin (Nîmes)
✒ Romain Cabane
(Librairie des Danaïdes, Aix-les-Bains)
Beaucoup de poésie dans ce très beau recueil de nouvelles. Haïti, ses personnages et leur quotidien, ses couleurs sombres, belles ou violentes, la vitrine et puis… ce qui existe derrière. Et quel style !
Au fil de ces histoires plutôt désespérées, on entrevoit l’homme et la femme, leur complétude et leur humanité. Vies et destins d’une communauté de personnages sur l’île d’Haïti, tracés d’une plume simple, tantôt légère et apaisante, tantôt violente et douloureuse. On découvre des hommes las, guidés par le désir, abîmés par l’existence. Plus souvent qu’à leur tour, les femmes ont un courage, une force d’âme qui nous laisse stupéfaits, comme hébétés. Il ne s’agit pas là d’opposition mais d’échange, de violence également, de reconnaissance d’une altérité et d’une richesse. Qui a du mal à germer. Souvent, dans ces nouvelles, la lucidité s’offre comme un éclair avant que tout ne bascule. Par contraste, l’aveuglement des autres sonne comme un glas. Des nouvelles montrent ces êtres corrompus par l’excès, l’ambition ou l’avidité, perdus, détruits par cette société haïtienne, ses inégalités, ses abîmes. Forcément, la question de la place occupée par chacun dans ce monde est centrale, ainsi que la manière dont elle est vécue. Pourtant, tout n’est pas fatalité et il y a beaucoup de pages magnifiques, portées par le style épuré de Yanick Lahens. Par exemple, la nouvelle éponyme où une femme s’adresse à l’homme aimé dans une lettre poignante. À travers ce recueil, ce sont à la fois les peines et les joies, la ville et le milieu rural, les faiblesses, les espoirs qui sont racontés avec cœur et élévation. La lecture de ces textes procure un ravissement, devant l’écriture, d’abord, puis devant la vie et sa teneur, sa nature. Un ravissement exacerbé par un sentiment de fragilité. Et l’on sent comme un fil directeur dans ces pages, peut-être une question qui nous serait adressée : du respect des femmes, de l’environnement, du peuple, peut-il naître une paix ?