Littérature étrangère
Alex Schulman
Les Survivants
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Alex Schulman
Les Survivants
Traduit du suédois par Anne Karila
Albin Michel
05/01/2022
287 pages, 19,90 €
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Chronique de
Faustine Meyssonnier
Librairie Grangier (Dijon) - ❤ Lu et conseillé par 10 libraire(s)
✒ Faustine Meyssonnier
(Librairie Grangier, Dijon)
Nouvelle voix du roman suédois, Alex Schulman nous emporte au cœur d’une histoire familiale emplie de non-dits, de colère mais aussi d’amour. Les Survivants, c’est le récit tragique d’une fratrie liée à un drame terrible.
Les Survivants nous raconte le parcours de trois frères : Nils, Pierre et Benjamin qui se trouve également être le narrateur de l’histoire. Au tout début du récit, les trois frères, qui ne se sont pas vus depuis longtemps, se retrouvent suite au décès de leur mère pour disperser les cendres au bord du lac à côté de leur maison d’enfance. Mais la colère et les rancœurs, pernicieuses, déclenchent les hostilités. Peu à peu, nous allons retourner dans le passé pour comprendre ce qui a déclenché cette querelle. Une autre temporalité intervient également et nous ramène des années plus tôt dans cette maison au bord de l’eau, lorsque les garçons étaient enfants et leurs parents encore vivants ; car c’est là-bas que le drame a eu lieu, celui-là même qui signera de manière irrémédiable la fin de l’enfance et fera éclater la famille, faisant des trois garçons des « survivants ». Ainsi, on se rend rapidement compte que Nils, Pierre et Benjamin ont vécu une partie de leur enfance livrés à eux-mêmes, au sein d’une famille dysfonctionnelle avec des parents négligents, trop souvent alcoolisés et absents. C’est ainsi que les garçons se sont toujours montrés solidaires. Lorsque le drame a lieu, Benjamin, incapable d’affronter cette réalité glaçante, modifiera sa perception des choses pour se protéger. Ces portraits d’enfants mal-aimés sont touchants. Effrayés et toujours sur leurs gardes, ils souffrent de la blessure d’abandon et ne récoltent que des miettes de l’amour de leurs parents. Alex Schulman écrit un texte d’une profonde noirceur ; le malaise est là, sous-jacent, terrible tout au long de notre lecture, jusqu’à la révélation finale. L’écriture est prenante, l’originalité des temporalités immersive. Un premier roman très réussi, un récit terrifiant mais aussi très beau.