Littérature étrangère

Cherie Jones

Et d’un seul bras, la sœur balaie sa maison

✒ Faustine Meyssonnier

(Librairie Grangier, Dijon)

Primo-romancière, Cherie Jones nous conte avec beaucoup de talent la destinée de femmes maudites en installant son intrigue dans un décor paradisiaque : les Caraïbes. Un roman noir qui vous laissera sans voix.

Les endroits les plus paradisiaques renferment eux aussi leur lot de secrets et de misère. Lala en est le parfait exemple, elle vit dans un petit cabanon avec son conjoint Adam et a reproduit le même schéma tragique que les femmes de sa famille. Sa mère est morte assassinée par son propre père et sa grand-mère Esmée est mariée à un homme détestable. Lala se rend compte rapidement qu’Adam est lui aussi instable et violent, mais il est trop tard : leur petite fille vient de naître et elle est totalement sous son emprise. Le destin met sur sa route la veuve de Peter Whalen un riche blanc en vacances tué lors d’un cambriolage qui a mal tourné. La descente aux enfers commence pour les deux femmes qui ont toujours vécu sous le joug des hommes. Cherie Jones nous raconte des vécus douloureux et des destins tragiques avec beaucoup de talent et dénonce avec justesse les dérives présentes dans les Caraïbes. Violence, tromperies, actes de cruauté, personne n’est épargné. Elle nous décrit un monde terrifiant où les hommes usent de violence sur les femmes, les utilisent et où celles-ci les supplient de les laisser survivre dans ce monde abject. Ce roman choral est également composé de sous-intrigues évoluant autour du personnage de Lala et du décès de Peter Wahlen. Elles sont toutes parfaitement développées et s’imbriquent parfaitement entre elles. Il y a Robert alias Toné, l’amoureux transi, Esmée qui nous raconte son mariage désastreux, Saba la prostituée qui sait tout sur tout le monde et bien sûr le flic véreux qui mène l’enquête et profite du système. Aucun de ces personnages ne peut se vanter d’être blanc comme neige mais tous survivent à leur manière. L’auteure nous offre un roman social, d’une grande justesse et d’une grande férocité. Un texte puissant qui va à l’essentiel et nous montre la violence que chaque homme porte en lui.

Les autres chroniques du libraire