Littérature étrangère
Aravind Adiga
Les Ombres de Kittur
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Aravind Adiga
Les Ombres de Kittur
Traduit de l’anglais (Inde) par Annick Le Goyat
Buchet Chastel
25/08/2011
360 pages, 21 €
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Chronique de
Christèle Hamelin
Librairie Le Carnet à spirales (Charlieu) -
❤ Lu et conseillé par
5 libraire(s)
- Geneviève Gimeno de Maupetit (Marseille)
- Aurélie Paschal
- Marie Hirigoyen de Hirigoyen (Bayonne)
- Grégoire Courtois de Obliques (Auxerre)
- Gabriel Pflieger de Vivement dimanche - La Benjamine (Lyon)
✒ Christèle Hamelin
(Librairie Le Carnet à spirales, Charlieu)
Trois ans après avoir obtenu le Booker Prize pour Le Tigre blanc, Aravind Adiga nous entraîne dans les rues de Kittur, un lieu créé de toutes pièces, à la rencontre de quatorze destinées différentes, quatorze histoires touchantes.
Kittur, petite ville du sud de l’Inde, n’existe pas. Vous ne la trouverez sur aucune carte, aucun atlas. Pourtant la réalité, elle, s’étale sous nos yeux, crue, sans détours. Ici, pas de Bollywood, pas de clinquant ni de bling-bling. Juste la vie et la survie. L’auteur, tel un guide touristique, nous attire à chaque début de chapitre dans les ruelles de cette cité imaginaire et nous incite même à y séjourner une semaine pour en apprécier toutes les richesses. Ces courtes introductions résonnent comme une invitation à la flânerie et contrastent violemment avec la vie misérable des protagonistes. Nous voilà des nantis déambulant chaque jour dans un quartier différent et rencontrant un nouveau visage englué dans les affres de sa condition. C’est Ziauddin, jeune musulman égaré qui compte les trains dans les gares ; c’est Abbasi, entrepreneur révolté contre la corruption qui règne parmi des fonctionnaires aussi véreux que détestables ; c’est Xérox, qui reproduit et vend coûte que coûte des livres interdits, ou encore Shankara, considéré comme un bâtard car issu d’une mère hoyka, l’une des castes les plus humbles, et d’un père brahmane − pour dénoncer l’injustice de la naissance, il pose une bombe dans son collège ; c’est aussi Keshava, débarqué de sa campagne et vite retombé dans la fange après avoir côtoyé le mafieux local. Dans son précédent roman, Le Tigre blanc, Aravind Adiga relatait le parcours d’un jeune homme issu d’un milieu modeste, qui parvenait, notamment en commettant un crime, à s’extirper de sa caste, fait exceptionnel en Inde. À nouveau, l’auteur nous livre son pays à l’état brut, les fioritures n’étant pas de mise. Mais ici chaque personnage reste dans la condition dont il a hérité à la naissance, suivant inéluctablement sa destinée. Pourtant, en chacun d’eux, on sent poindre la révolte, toujours à fleur de peau, et l’on se dit que le tigre est toujours là, tapi dans l’ombre, prêt à surgir.